1917 – 1921 : L’Ukraine dans le chaos de la guerre

Entre 1917 et 1921, l’Ukraine se retrouve au cœur d’un improbable maëlstrom né de la guerre de tous contre tous.

En effet, durant ces cinq années, tous les courants politiques ou peu s’en faut, toutes les aspirations, toutes les ambitions s’y opposent et s’y heurtent en une série de guerres inextricables dont on peine à donner un récit clair.

Jugez-en plutôt.

L’année 17, d’une Révolution à l’autre

Tout commence avec la Révolution de février 17 qui encourage les peuples de la Russie à affirmer leur autonomie. Dès le mois suivant, une République populaire d’Ukraine est proclamée à Kiev. La Tsentralna Rada qui la dirige soutient l’offensive Kerenski de l’été 17 car la Russie – malgré le changement de régime – reste engagée dans la première guerre mondiale aux côtés des alliés.

Malheureusement, cette offensive est un désastre absolu, désastre qui entraîne aussitôt la désagrégation de l’armée et des institutions russes. Désormais la Révolution, celle d’Octobre, peut advenir. Et elle advient.

Dans la foulée, en décembre 1917, les bolchéviks ukrainiens proclament une République – une autre donc – qui engage sans tarder le combat avec le gouvernement de la Rada de Kiev mis en place six mois plus tôt seulement. Face à ce nouvel adversaire, la Rada proclame l’indépendance de l’Ukraine le 22 janvier 1918.
Mais, soutenus par les anarchistes de Nestor Makhno – qui organise l’autogestion des Territoires libres du sud de l’Ukraine – les Gardes rouges enfoncent sans difficultés les maigres troupes de Kiev dont ils s’emparent le 9 février 17 (de Kiev, pas des troupes, elles, elles se débandent).

Profitant de la situation, les Roumains envahissent la Bessarabie cependant que des unités de Gardes blancs se rassemblent en Ukraine pour marcher vers les bouches du Don.
La situation vous semble complexe ?

Ce n’est encore rien.

L’année 18, sous le signe des Puissances centrales

Lénine – confronté à des difficultés énormes – avait alors un besoin vital de faire la paix avec l’Allemagne, avec laquelle la guerre continuait malgré la Révolution. Quitte à payer cette paix au prix fort. C’est chose faite avec le traité de Brest-Litovsk (signée le 9 février 1918) qui laisse l’Ukraine dans la sphère d’influence allemande.

C’est pourquoi, acculée par les succès de l’Armée rouge, la Rada se décide alors à faire appel aux troupes allemandes et autrichiennes. Aguerries et bien équipées, ces dernières n’ont aucun mal à rejeter les bolchéviks dans l’est de l’Ukraine. Kiev est reprise le 1er mars.

La paix est-elle pour autant revenue en Ukraine ?

Que nenni car, d’une part, les Allemands soutiennent le coup d’Etat du général Pavel Skoropadsky contre les autorités de la Rada (29 avril) cependant que, d’autre part, dans les campagnes, des groupes d’autodéfenses s’organisent pour lutter contre le régime de Skoropadsky, l’Hetmanat. Convergence des luttes là encore, les anarchistes de Nestor Makhno les rejoignent dans ce combat.

La situation se complique. Et ce n’est pas encore fini…

L’année 19, Polonais, Roumains, Français : tous en Ukraine
La défaite de l’Allemagne, consommée le 11 novembre 1918, change de nouveau la donne. Et de façon radicale, une nouvelle fois.

Ainsi, dès décembre 1918, l’Hetmanat de Skoropasky est renversé et la République populaire d’Ukraine restaurée… pour être aussitôt confrontée aux assauts de l’Armée rouge qui emporte une nouvelle fois tout sur son passage. Kiev est rerereprise le 5 février 1919 et le gouvernement de la RSS d’Ukraine s’y installe derechef… Quant au gouvernement de la République d’Ukraine, dirigé à présent par Semion Petlioura, il se replie dans l’ouest de l’Ukraine.

Les bolchéviks ont-ils partie gagnée cette fois-ci ?

Et bien non !

Car au printemps et à l’été 19, ils font face à une puissante contre-offensive des Blancs soutenus par des troupes… françaises débarquées à Odessa et à Sébastopol.

Ces dernières quitteront pourtant l’Ukraine au bout de quelques mois seulement, échaudées par les exactions de leurs alliés, le manque de moyens qui leurs sont alloués et les sévères échecs qu’elles subissent.

De nouveau en situation de l’emporter, les Rouges trahissent et liquident les anarchistes de Makhno qui se réfugie alors à Paris.

En 1919 toujours, la guerre s’exporte en Galicie

Cette même année 1919, les peuples des anciens Empires centraux entrent à leur tour dans la danse.

C’est ainsi que les Ukrainiens de Galicie – un territoire qui appartenait jusque-là à l’empire des Habsbourg – proclament une éphémère République populaire d’Ukraine occidentale dont ils souhaitent obtenir le rattachement à l’Ukraine. Evidemment, l’importante minorité polonaise de Galicie ne l’entend pas de cette oreille et une guerre éclate bientôt entre les deux partis.
Si l’union entre l’Ukraine et la République populaire d’Ukraine occidentale est proclamée dès le 22 janvier 1919, ce sont les Polonais qui remportent la guerre au terme d’une année de durs combats, parvenant à rattacher la Galicie à la Pologne. Lviv, pardon Lwów, sera polonaise jusqu’en 1939.

1920, vers une restauration de la Grande Pologne ?

Condamnée à une disparition certaine en raison des succès de l’Armée rouge, la République d’Ukraine de Semion Petlioura se tourne alors vers la Pologne, quitte à entériner l’annexion de la Galicie par cette dernière.

Aussi, le printemps de l’année 1920 voit-il une puissante armée polonaise s’emparer de Kiev le 7 mai pour y réinstaller Semion Petlioura… avant que l’Armée rouge ne contre-attaque, une fois encore, pour l’en chasser. Vaincus, les Polonais abandonnent Kiev – reprise une énième fois – avant d’être reconduit jusqu’à Varsovie par les cosaques de Boudienny…

A la fin de l’année 1920, les bolchéviks écrasent enfin les dernières troupes de Petlioura lequel doit se réfugier en Pologne.
Puis les Rouges s’emparent de la Crimée où s’étaient retranchées les armées Blanches commandées par le général Wrangel.

Quand l’année 1921 commence, l’Armée rouge reste seule en lice.
En moins de cinq ans elle a affronté et vaincu des armées allemandes et autrichiennes, des armées blanches, des anarchistes, des cosaques, des nationalistes ukrainiens, des Polonais, des Roumains, des Français…

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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