1963, la guerre des Sables : quand le Maroc et l’Algérie s’affrontaient pour Tindouf

En octobre 1963, à peine un an après l’indépendance de l’Algérie, un conflit armé éclate entre Alger et Rabat : c’est la « guerre des Sables ». À l’origine de cette confrontation, un différend territorial hérité de la colonisation française.

En 1952, la France décide d’intégrer les régions de Tindouf et de Colomb-Béchar aux départements français d’Algérie, bien qu’elles aient historiquement appartenu au Maroc. À son indépendance en 1956, le royaume chérifien revendique ces territoires. Un accord est signé le 6 juillet 1961 entre le roi Mohammed V et Ferhat Abbas, chef du Gouvernement provisoire algérien, prévoyant une renégociation du statut de ces zones une fois l’Algérie indépendante. Mais à l’accession d’Ahmed Ben Bella au pouvoir, cet engagement est rejeté.

Le 2 octobre 1963, les hostilités commencent. L’armée marocaine, dirigée par le général Driss Ben Omar, mieux équipée, prend l’avantage sur les troupes algériennes commandées par Houari Boumédiène. L’Algérie reçoit toutefois un soutien militaire de Cuba (686 soldats) et de l’Égypte (1 000 hommes). Le 25 octobre, les Marocains capturent 200 soldats algériens près de Hassi Beïda et s’approchent à 12 km de Tindouf. Mais le président français Charles de Gaulle les dissuade de prendre la ville.

De son côté, le contingent cubain planifie une offensive sur Berguent, au Maroc, mais l’opération est suspendue par Ben Bella, en raison d’une médiation lancée par l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Réunie à Bamako le 29 octobre, l’OUA obtient un cessez-le-feu provisoire pour le 2 novembre et instaure une zone démilitarisée de 1 000 km entre Figuig et Tindouf, surveillée par des observateurs éthiopiens et maliens.

Un cessez-le-feu définitif est signé le 20 février 1964, permettant la reprise des relations diplomatiques. En avril, un échange de prisonniers a lieu : 379 Algériens contre 57 Marocains. Ce déséquilibre alimente l’idée d’une victoire marocaine. Le Maroc déplore 39 morts, tandis que les pertes algériennes sont estimées à plus de 300. Ce revers militaire contribuera à fragiliser le régime de Ben Bella, renversé en 1965.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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