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Le pont de Crimée est un pont traversant le détroit de Kertch, entre la péninsule de Kertch, en Crimée, à l’ouest, et la péninsule de Taman, dans le kraï de Krasnodar, en Russie, à l’est. Avec ses 18 km de long, c’est le plus long pont de Russie et d’Europe.
Le pont est inauguré en deux temps par le président russe Vladimir Poutine, le 15 mai 2018 pour la section routière et le 23 décembre 2019 pour la section ferroviaire.
Le 7 mars 1943, Hitler ordonne la construction d’un pont routier et ferroviaire au-dessus du détroit de Kertch, qui doit être édifié en 6 mois. L’organisation Todt commence les travaux en avril 1943, mais dès le 1er septembre 1943, de puissants bombardements forcent l’arrêt des travaux. Seul un tiers de l’ouvrage prévu avait alors été construit. Dans le cadre de la retraite allemande, le pont est alors dynamité.
Un premier pont sur ce détroit est construit durant l’été 1944, après la libération de la Crimée par l’Armée rouge, en utilisant en partie les matériaux laissés par l’Organisation Todt. Ce pont est détruit par la glace lors de la débâcle six mois après sa mise en service, faute d’épis lors de sa construction.
Projets ultérieurs
Si plusieurs propositions sont faites sous l’URSS, notamment dans les années 1960, aucune n’est sérieusement étudiée.
L’idée d’un pont sur le détroit de Kertch resurgit entre la Russie et l’Ukraine post-soviétiques. Le 25 avril 2010, les chefs d’État ukrainien Viktor Ianoukovytch et russe Dmitri Medvedev signent un accord autorisant la construction du pont du détroit de Kertch : « Ce pont doit constituer un élément important d’une autoroute qu’il est prévu de construire autour de la mer Noire ». La Russie souhaite que le projet soit achevé avant les Jeux olympiques de 2014 qui se déroulaient à Sotchi.
Selon le projet initial présenté en 2010, le pont doit être long de 4,2 km, large de 22 mètres et d’une hauteur de 50 mètres. Il doit être doté d’une autoroute, d’une ou deux voies ferrées et de trottoirs pour piétons.
Le rejet de l’accord d’association Ukraine-Union européenne en novembre 2013 entraîne un regain d’intérêt pour le projet de pont. À la fin de janvier 2014, les gouvernements ukrainien et russe décident qu’une nouvelle société conjointe devrait être chargée de la construction et la société russe Rosavtodor (russe : Росавтодор) de son exploitation. On estime alors la durée des travaux de construction à 5 ans pour un prix compris entre 1,5 et 3 milliards de dollars.
En mars 2014, à la suite de la crise de Crimée et du rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie, la Russie annonce son intention de construire le pont. Le projet est doté d’un budget plafonné à 228,3 milliards de roubles, soit environ 2,9 milliards d’euros ou 3 milliards de dollars, Le chantier est confié le 30 janvier 2015 à Stroïgazmontaj, une entreprise russe spécialisée dans la construction et dirigée par Arkadi Rotenberg.
La construction du pont — routier à 2 × 2 voies[6] et ferroviaire à deux voies —, commence en février 2016. Malgré les sanctions internationales, les travaux progressent rapidement et son achèvement est prévu pour 2019. Ce pont est également un projet symbolique, destiné à matérialiser le rattachement de la Crimée à la Russie ; les ouvriers y travaillent par rotations 24 heures par jour afin de tenir les délais, et la construction se veut entièrement russe..
La traversée, qui passe notamment par l’île de Touzla, a une longueur de 19 km, pour une hauteur du tablier maximale de 35 mètres.
À partir de mars 2014, l’Union européenne et les États-Unis décident de sanctions en lien avec la crise de Crimée, étendues depuis aux entreprises participant à la construction du pont de Crimée[9]. En septembre 2017, l’annonce que deux sociétés néerlandaises ont contribué à la construction du pont fait débat. Selon les juristes spécialistes du domaine, la participation, même indirecte, d’une entreprise néerlandaise à la construction de ce pont est en effet une violation des sanctions. Le parquet néerlandais ouvre en mai 2018 une enquête visant sept entreprises nationales soupçonnées de violation des sanctions.
En novembre 2018, le service de presse du pont annonce que la découverte d’un site archéologique hellénique sur le trajet de la voie ferroviaire projetée nécessite de dévier le tracé dans les environs de Kertch afin de protéger le site.
Le pont routier est inauguré le 15 mai 2018 par Vladimir Poutine, président de la fédération de Russie. L’ouverture à la circulation routière a lieu le lendemain (16 mai 2018) pour les véhicules légers et les bus, et en octobre 2018 pour les poids lourds.
L’inauguration de la partie ferroviaire du pont a eu lieu le 23 décembre 2019.