À propos du » Forum d’Antalya et le Forum de Dakar soient des forums jumelés » pour identifier correctement les problèmes et trouver des solutions globales, la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall a déclaré que « La Turquie est un partenaire privilégié du Sénégal »
La Cheffe de la Diplomatie sénégalaise a accordé une interview à l’Agence Anadolu, en marge du Forum d’Antalya sur la Diplomatie (ADF), organisée du 11 au 13 mars, dans le sud de la Turquie.
La deuxième édition de l’ADF s’est tenue sur le thème « Reconstruire la diplomatie ». Il a réuni des participants de 75 pays, dont 17 Chefs d’État et de gouvernement, 80 ministres, 39 représentants d’organisations internationales, et couvert par environ 600 journalistes.
Interrogée sur la place de la Turquie en Afrique, la ministre a déclaré : « Si partenaire privilégié veut dire un partenaire avec lequel on a envie encore de progresser, oui, nous avons envie de progresser dans la coopération avec la Turquie. Si partenaire privilégié veut dire un partenaire qui vous comprend, qui vous traite d’égal à égal oui, la Turquie est bien ce partenaire-là. Si partenaire privilégié veut dire plus d’investissement massif dans nos pays respectifs sans aucun préjugé, et je mets préjugé entre guillemets, oui, parce que la Turquie, heureusement pour elle et pour nous, n’a pas ce passé colonial qui peut handicaper nos relations parfois avec certains États. Je pense que tout cela fait que la Turquie est effectivement un partenaire à part dans le schéma de partenariat que nous avons avec les uns et les autres. »
La ministre Sall a ajouté, dans ce contexte, que la Turquie est un partenaire aussi bien ancien que nouveau pour le Sénégal.
« Il est ancien parce que nous avons établi des relations diplomatiques depuis très longtemps et nous avons vu la Turquie investir dans notre pays, a-t-elle expliqué. Mais ces dernières années, ces investissements sont devenus massifs par une interpénétration de nos hommes d’affaires. »
Sall a rappelé qu’en quelques années, le Président turc, Recep Tayyip Erdogan avait visité le Sénégal à cinq reprises, « et la dernière en date, il y a seulement moins d’un mois où il a inauguré une grande représentation diplomatique de la Turquie au Sénégal ».
« Cela veut dire que c’est un pays qui est présent chez nous diplomatiquement, économiquement et politiquement, a-t-elle insisté. Parce que politiquement, la Turquie soutient les États africains dans les prises de position sur la scène internationale. Et hier vous avez entendu le Président Erdogan. Il a beaucoup insisté sur la représentation des autres pays au sein du Conseil de sécurité [de l’Organisation des Nations unies]. Mais quand un Président tient un discours du genre, nous considérons qu’il le tient pour l’Afrique parce que c’est aussi un des combats de l’Afrique pour une meilleure gouvernance mondiale et pour une meilleure prise en compte des intérêts du continent africain dans le concert des nations. »
Rappelant que le Sommet de partenariat Turquie-Afrique s’était déroulé à Istanbul il y a trois mois, en décembre 2021, Aïssata Tall Sall a dit que ce sommet a été marqué par davantage « d’engagement de la Turquie auprès du continent africain ».
« Depuis le mois de février, le Président [sénégalais] Macky Sall est le président en exercice de l’Union africaine, a-t-elle noté. Et à ce titre, il répond au nom du continent. Nous pensons qu’au niveau du continent, la Turquie est un partenaire majeur qui a multiplié ses interventions sur le plan économique, sur le plan de la formation et de l’éducation – nous avons beaucoup de nos étudiants qui viennent ici apprendre dans les universités turques – mais également sur le plan de la sécurité. Nous savons aujourd’hui ce que ces problèmes sécuritaires causent comme difficultés aux pays africains, dans leur développement, avant même leur sécurité intérieure. Nous pouvons dire la Turquie est devenu un des partenaires de choix du continent africain. »
La ministre Sall a souligné que la Turquie « peut être un acteur, parce que d’abord, c’est un pays qui dialogue avec tout le continent ».
« Le Sommet Afrique-Turquie n’est pas seulement le moment où les Chefs d’État se rencontrent et discutent, a-t-elle indiqué. C’est le moment où les Chefs d’État identifient les défis qui se présentent à eux et essaient ensemble de relever ces défis-là. De ce point de vue, la Turquie peut être un bon interlocuteur dans l’espace du Sahel […] et dans l’espace du continent où les foyers de conflit sont en train de se démultiplier, que ce soit au Sahel, que ce soit au Cabo Delgado dans l’est de l’Afrique, que ce soit à la Corne de l’Afrique ou en Afrique centrale. Nous avons des foyers de tension sur le continent, sur lesquels la Turquie peut être un acteur majeur de par sa position privilégiée d’interlocuteur avec les États africains, mais un acteur majeur également de par de sa capacité à pouvoir nous soutenir dans la lutte contre l’insécurité, un peu partout. »
Sall a en outre qualifié d’une « formidable opportunité » l’ADF, « non pas seulement pour la Turquie et pour l’Afrique, mais pour le monde entier ».
Pour Sall, c’est « un cadre exceptionnel » qui rassemble diverses personnalités, « à tous les niveaux de responsabilité, allant de Chefs d’État passant par les ministres, les ambassadeurs, les hauts fonctionnaires, les experts », pour pouvoir identifier les problèmes du monde et essayer d’avoir un schéma de solution.
« Je pense que de ce point de vue, le Forum d’Antalya est un bon cadre de discussion, de dialogue de compréhension et de résolution des problèmes, a-t-elle affirmé. Au Sénégal, nous avons un forum qui s’appelle Forum de Dakar qui met le focus sur les questions de sécurité, ainsi que d’économie et de géopolitique. J’ai à l’esprit que le Forum d’Antalya et le Forum de Dakar soient des forums jumelés pour que nous puissions avoir les mêmes profiles de problèmes et de solution, pour qu’on comprenne que les problèmes sont les problèmes du monde et que les solutions doivent être les solutions du monde, pas seulement des solutions africaines ou des solutions turques. »
Ainsi, Sall a proposé de partager les problèmes et d’avoir une réflexion commune afin d’identifier des solutions globales.
« Je voudrais profiter pour féliciter mon frère le ministre Mevlut [Cavusoglu] qui est vraiment le maître d’œuvre de ce Forum, féliciter le gouvernement de Turquie d’avoir pensé à ce formidable forum qui, comme je l’ai dit, est une grande opportunité pour l’ensemble des décideurs du monde, pour projeter un regard lucide et responsable sur nos problèmes et essayer de partager les initiatives de solution », a conclu la ministre sénégalaise.
Source : AA, Agora24 Agency