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Le président russe a de nouveau assuré ce 3 juin que son pays ne faisait pas peser de menace sur la sécurité alimentaire mondiale. Le chef d’Etat a notamment fait valoir que la Russie n’empêchait pas l’exportation de céréales depuis l’Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine a tenu à répondre, ce 3 juin, aux accusations portées contre son pays, sur le rôle présumé de ce dernier dans une crise alimentaire mondiale.
«A l’heure actuelle, nous voyons des tentatives de rendre la Russie responsable de ce qui se passe sur le marché alimentaire mondial, notamment des problèmes émergents», a regretté le chef d’Etat, dans une interview télévisée. Or, le dirigeant russe a attribué la paternité de «cette mauvaise situation du marché alimentaire mondial» aux politiques de relance massives des Etats-Unis après le déclenchement de l’épidémie de Covid-19 en 2020.
«Les autorités financières et économiques américaines n’ont rien trouvé de mieux que de suivre la voie de l’injection de fonds importants pour soutenir la population, pour soutenir сertains secteurs économiques et entreprises », a pointé le chef d’Etat, ajoutant que ce «travail sans précédent de la planche à billets» avait nourri l’inflation.
Vladimir Poutine a aussi noté le rôle de choix énergétiques européens – la rupture de contrats à long terme pour la livraison de gaz naturel, la promotion d’un «agenda vert» – dans l’augmentation des prix.
La veille, un conseiller du président russe, Maxime Orechkine, avait tenu des propos semblables sur l’origine de la flambée des prix de certains produits alimentaires : «Au cours des deux dernières années, les prix des produits alimentaires ont augmenté de plus de 70%. La plus grande partie de cette croissance, c’est-à-dire plus de 50%, s’est produite pendant la période avant février», avait affirmé Maxime Orechkine dans une interview accordée à RT. Puis il avait désigné plusieurs facteurs dans cette augmentation des prix. Premièrement, les sommes massives injectées dans l’économie par les autorités américaines, en réponse à la crise de la pandémie. Deuxièmement, la crise énergétique en Europe – les Européens ayant «commencé à se focaliser sur des contrats à court terme, ce qui a fait grimper les prix de l’énergie». Enfin, «la folie des sanctions de ces derniers mois», à savoir les sanctions antirusses prises par les alliés occidentaux de Kiev, en lien avec l’opération militaire russe en Ukraine – les Occidentaux dénonçant cette offensive comme une guerre d’invasion.
Poutine évoque des pistes pour l’exportation des céréales d’Ukraine Lors de cette même interview télévisée du 3 juin, Vladimir Poutine a affirmé que les Occidentaux faisaient du «bluff» en accusant Moscou d’empêcher les exportations de céréales d’Ukraine, dans le contexte d’offensive russe en Ukraine. «Nous n’entravons pas l’exportation de céréales», a assuré Vladimir Poutine.
Le chef d’Etat a évoqué diverses options pour garantir l’exportation de ces céréales, dont l’utilisation des ports de la mer Noire toujours sous contrôle de Kiev, comme celui d’Odessa. Pour cela, le président russe a exigé que les eaux de ces ports soient «déminées» par Kiev, assurant par ailleurs que la Russie permettra un passage sécurisé des navires. Il a également mentionné la possibilité d’exporter via les ports de Marioupol et Berdiansk, situés sur la mer d’Azov, qui sont désormais sous le contrôle de l’armée russe ou de leurs alliés des Républiques populaires du Donbass. Un transport des denrées sur le Danube «via la Roumanie» ou via la Hongrie ou la Pologne est également une option évoquée par Vladimir Poutine. «Mais le plus simple, le plus facile, le moins cher, ce serait des exportations via le territoire de la Biélorussie, de là on peut aller vers les ports de la Baltique, puis vers la mer Baltique et ensuite n’importe quel endroit dans le monde», a précisé le dirigeant russe.
Selon lui néanmoins, l’export via la Biélorussie serait conditionné pas une «levée des sanctions» occidentales contre Minsk. Selon l’AFP, l’ONU craint «un ouragan de famines», essentiellement dans des pays africains qui importaient plus de la moitié de leur blé d’Ukraine ou de Russie. Ce 3 juin justement, le président sénégalais et actuel dirigeant en exercice de l’Union africaine Macky Sall, avait souligné que les pays africains étaient «des victimes» de la crise ukrainienne «sur le plan économique».
Il avait souligné que les sanctions contre la Russie avaient «entraîné plus de gravité puisque nous n’avons plus accès aux céréales venant de Russie [et] aux engrais […] créant une sérieuse menace sur la sécurité alimentaire du continent», et appelé à ce que le secteur alimentaire soit «hors des sanctions» imposées par les Occidentaux.
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