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En Centrafrique, la pénurie croissante de carburant, exacerbée par la guerre en Ukraine, a contraint les organisations humanitaires à réduire considérablement leurs opérations, a alerté, jeudi, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
Depuis quelques semaines, la Centrafrique connait une difficulté réelle d’approvisionnement en matière d’hydrocarbure qui affecte durement le quotidien des populations et freine les opérations humanitaires.
« Dans certaines des régions les plus touchées du pays, comme la province de Kaga-Bandoro, nous n’avons pu acheter que 25 % du carburant nécessaire ce mois-ci, ce qui nous a empêchés d’aider les familles dans le besoin pendant six jours consécutifs », a déclaré, jeudi, Tchatat Yakwa Godain Powel, directeur national du Conseil norvégien pour les réfugiés en République centrafricaine.
« La pénurie de carburant ajoute une crise à la crise. Il est vital pour les familles qui dépendent de l’aide pour survivre que le carburant pour la réponse humanitaire soit fourni d’urgence et réponde aux besoins opérationnels », a souligné Powel.
Le NRC a relevé que cette pénurie de carburant signifie que certains vols humanitaires à l’intérieur du pays ont été suspendus ou reportés, ce qui empêche les travailleurs humanitaires d’atteindre les personnes dans le besoin.
« Selon le dernier planning du Service aérien humanitaire des Nations unies (UNHAS), les vols de Bangui à Kaga Bandoro et Alindao sont passés de trois par semaine à une fois toutes les deux semaines. L’ensemble de la réponse humanitaire est menacée de réduction drastique, alors que 63 % de la population a besoin d’aide humanitaire et de protection », a indiqué l’ONG.
Cette crise des hydrocarbures, « la pire depuis 2015 » selon le NRC, s’ajoute à la crise alimentaire qui affecte la Centrafrique depuis plusieurs mois.
Alors que 2,4 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire aiguë, « les prix des denrées alimentaires augmentent en raison de la guerre en Ukraine, car les pays voisins dont la RCA dépend pour l’importation de nourriture et de céréales sont eux-mêmes dépendants de l’Ukraine et de la Russie pour satisfaire leurs besoins », a indiqué le NRC.
Powel a plaidé pour que les pays donateurs tiennent compte de l’augmentation des prix et veillent à ce que la réponse puisse s’intensifier pour répondre aux besoins des centrafricaines.
« Si le financement n’est pas augmenté de toute urgence, l’impact de la guerre en Ukraine continuera à entraîner un pays largement affaibli par des années de conflit dans une spirale descendante », a averti Powel.
Ce pays est le deuxième le moins développé au monde selon l’ONU, et théâtre depuis 2013 d’une guerre civile, très meurtrière dans ses premières années mais qui a baissé d’intensité depuis 2018.
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