0076/HAAC/01-2023/pl/P
Les Taliban ont accusé les Etats-Unis de s’être indûment approprié des actifs afghans, dont ils réclament la restitution «sans conditions», tandis que Washington se prévaut de l’absence de garantie quant à leur utilisation au bénéfice des Afghans.
Les Taliban ont accusé le 15 septembre les Etats-Unis de s’approprier indûment les actifs afghans et demandé qu’ils soient débloqués «sans conditions», au lendemain du refus de Washington de débloquer des milliards de dollars gelés depuis leur prise du pouvoir à Kaboul. «Les Etats-Unis se sont approprié les actifs du peuple afghan», a déclaré le 15 septembre le porte-parole du gouvernement afghan, Zabihullah Mujahid, contacté par l’AFP. «Les Etats-Unis ne sont pas les propriétaires [de ces fonds]», a-t-il insisté, demandant qu’ils soient débloqués «sans conditions».
Washington a annoncé la veille la création d’un fonds en Suisse pour gérer la moitié des avoirs afghans, soit 3,5 milliards de dollars, gelés lors de l’accession au pouvoir des Taliban en août 2021. Ce fonds sera chargé des fonctions essentielles de la banque centrale, comme le paiement des arriérés internationaux de l’Afghanistan et de ses importations d’électricité.
Un manque de garanties de la part de la Banque centrale d’Afghanistan invoqué par Washington Dans une lettre à la Banque centrale d’Afghanistan, le secrétaire adjoint au Trésor étasunien, Wally Adeyemo, a regretté que l’institution afghane n’ait selon lui pas démontré son indépendance à l’égard des Taliban et qu’elle n’ait pas respecté son engagement à financer la lutte contre le terrorisme, pris avant leur arrivée au pouvoir. Il a aussi déploré qu’elle n’ait pas nommé un observateur externe fiable. «Il n’y a actuellement aucune institution en Afghanistan capable de garantir que ces fonds ne seront utilisés qu’au bénéfice du peuple afghan, pas même la DAB», la Banque centrale, a souligné Wally Adeyemo, actant l’échec des pourparlers entamés entre les deux pays sur ce sujet.
La Banque centrale d’Afghanistan a également critiqué la décision de Washington, affirmant qu’elle allait à l’encontre des objectifs pour lesquels ces actifs avaient été accumulés pendant des décennies, comme la stabilisation du marché monétaire et la facilitation du commerce. Lors du départ des forces américaines en août 2021, après 20 ans en d’intervention militaire en Afghanistan, Washington a gelé sept milliards de dollars de réserves.
En février, le président étasunien Joe Biden avait souhaité que la moitié de la somme soit réservée à l’indemnisation des victimes des attentats du 11 septembre 2001, à l’origine de l’invasion par les Etats-Unis de l’Afghanistan et du renversement du premier gouvernement Taliban.
Dans la soirée du 15 septembre, le ministère afghan des Affaires étrangères a mis en garde contre l’utilisation des réserves à des fins autres que la stabilité économique. «L’Emirat islamique sera contraint d’imposer des amendes et d’interdire les activités de tous les individus, institutions et sociétés qui facilitent cette entreprise illégale et cherchent à détourner les réserves de la banque centrale à des fins humanitaires et autres», a-t-il déclaré.
Agora24 Actu