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Victoire méritée des Lions de l’Atlas face aux Espagnols au Mondial qatari. Une victoire que le Onze marocain est même capable de rééditer devant les redoutables portugais qui ont écrasé les Suisses. C’est connu, dans ce genre de circonstances heureuses, la politique s’éclipse et cède la place à la liesse partagée par l’ensemble de la population sans distinction, l’opposant se retrouve alors à scander les mêmes slogans que le détenteur du pouvoir, fût-il despotique. C’est ainsi que le roi du Maroc est descendu ce mardi soir dans les rues de Rabat pour manifester sa joie après la prouesse des poulains de Walid Regragui.
Sur les réseaux sociaux, les youtubeurs marocains, féroces opposants au régime de Rabat, se félicitent tout autant du triomphe marocain au Qatar, d’autant que celui-ci a été réalisé contre un pays qui entretient des relations en dents de scie avec son voisin du Sud, quand bien même celles-ci semblent au beau fixe depuis que le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a viré sa cuti sur le dossier sahraoui. Cette joie partagée et cette euphorie exprimée dans les rues du Maroc et sur la Toile sont cependant éphémères. Un succès sportif, même si la sélection marocaine devait atteindre la finale, voire revenir avec le trophée, ne peut occulter, momentanément, la situation sociale et économique dramatique qui prévaut chez nos voisins de l’Ouest.
Les manifestations qui allaient crescendo se sont arrêtées le temps d’un événement sportif mondial dans lequel l’équipe nationale marocaine de football a assuré une prestation honorable, ayant amplement mérité sa qualification aux quarts de finale, évoluant sans complexe aucun et laminant les favoris européens que sont la Belgique et l’Espagne. Mais ce n’est que partie remise et le sursis sera de courte durée. Mohammed VI et son régime auront à peine deux ou trois semaines de répit, même si tout sera fait pour entretenir artificiellement une euphorie qui sera vite balayée par le retour rapide à la vie normale. Le réveil sera alors dur pour les dizaines de millions de Marocains qui ploient sous la misère et qui voient les richesses de leur pays pillées par une famille régnante prédatrice et une clientèle composée d’une poignée de privilégiés.
La crise énergétique est loin d’avoir été réglée, et l’augmentation substantielle du carburant a entraîné une cherté des produits de large consommation qui accable des citoyens désormais obligés de rationner leurs achats et, parfois même, de se priver d’aliments de base. Sur le plan politique, la répression reprendra le dessus et ne fera qu’exacerber la colère d’une population marocaine qui pourrait profiter de ce moment de communion rendu possible grâce à un exploit sportif qui l’adoubera et l’incitera à vouloir récupérer la liberté et la dignité dont un pouvoir monarchique infamant et spoliateur l’a privée.
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