0076/HAAC/01-2023/pl/P
Ceci est un Extrait 3/11 de l’interview du Président Zéphirin Diabré à Jeune Afrique.
Jeune Afrique : Olivia Rouamba, la ministre burkinabè des Affaires étrangères, a demandé le départ de Luc Hallade, l’ambassadeur de France à Ouagadougou. Parallèlement, des voix s’élèvent pour réclamer le départ des militaires français de l’opération Sabre… Comprenez-vous la montée de ce sentiment anti-français ?
Zéphirin Diabré : Je ne parlerai pas de sentiment anti-français, parce que ce ne sont pas les citoyens français qui sont en cause ici. Ce qui est contesté, c’est la politique des dirigeants français. Et cette contestation n’a pas commencé hier. La France est rattrapée par son histoire et par sa politique. Au moment des indépendances, elle a décidé de partir de l’Afrique francophone tout en conservant une certaine mainmise sur ses anciennes colonies, au contraire du Royaume-Uni qui a coupé le cordon ombilical.
Le problème de Paris vient de cette volonté de préserver son « pré-carré » et de maintenir sa zone d’influence. Cela l’a conduit à toutes sortes d’immixtions dans les affaires politiques africaines, à des compromissions avec des dirigeants peu recommandables, à des interventions militaires pour sauver des dictateurs en péril ou pour installer des alliés… Cela a conduit aussi la France à vouloir conserver un lien monétaire qui apparaît, aux yeux de ses contempteurs, comme une rente…
Même si la France se défend et affirme que certaines choses relèvent de pratiques d’une Françafrique aujourd’hui disparue, son image n’en reste pas moins associée à une forme de néocolonialisme. Et, pour dire vrai, la France peine à se défaire du paternalisme et d’attitudes qui frisent l’arrogance et l’infantilisation de ses partenaires africains.
Regardez comment le président Macron s’est comporté avec son homologue Roch Marc Christian Kaboré, lors de son discours à l’Université, en 2017 ! Pire encore, la France a cette propension à fouiner dans le marigot africain pour tenter d’influencer les choses, notamment sur le plan politique. C’est cela qui lui est reproché à intervalles réguliers
Extrait de l’interview sur JA
Burkina-Médias