Marseille, « la plus ancienne ville de France » aux dires de Roger Duchêne et Jean Contrucci, fut fondée vers 600 av. n.è. par les Phocéens. Ces colons grecs étaient originaires de la cité de Phocée, en Ionie, qui s’est particulièrement développée au cours du VIème siècle av. n.è. en colonisant la Méditerranée nord-occidentale. On doit à cette cité la création, pour ne citer que les plus connues, des colonies de Agathe Tychè (Agde), Nikaïa (Nice) ou encore Monoïkos (Monaco).
Mais revenons à Marseille. A cette époque, la région était habitée par le peuple des Ligures, et les alentours de ce qui sera plus tard la grande cité commerciale de Massalia étaient occupés par la tribu des Ségobriges. Les évènements exacts de la fondation de la cité nous sont malheureusement inconnus, mais une légende nous est parvenue, d’abord dans la Constitution des Marseillais d’Aristote (première moitié du IVème siècle av. n.è), puis dans les Histoires Philippiques de Trogue Pompée (Ier siècle av. n.è.), aujourd’hui perdues mais résumées par l’historien romain Justin aux III-IVème siècles av. n.è.. Les versions diffèrent légèrement selon les auteurs, mais le fond de l’histoire reste le même.
Il était une fois un roi Ségobrige, qui rencontra des marins originaires de Phocée. Ce roi les invita à venir chez lui, alors qu’il était en train de célébrer le mariage de sa fille. Aristote explique qu’au cours de cette cérémonie, c’était à la jeune mariée de choisir son époux, parmi les prétendants, en lui donnant une coupe pleine. C’est alors que la princesse tendit sa coupe à l’un des marins, qui l’épousa donc. Et c’est en supposé cadeau de mariage que le roi offrit un emplacement au jeune couple pour y fonder une ville.
Bien sûr, il est compliqué de démêler le vrai du faux dans cette histoire. Ce qu’on sait avec certitude, c’est que les Ségobriges vivaient effectivement sur ces territoires, et que des fouilles ont attesté la présence de colons phocéens dans la baie du Lacydon au cours du VIème siècle av. n.è. Des vestiges d’un port antique ont même été mis au jour.
Ceci dit, le thème d’un mariage d’un colon avec une princesse locale revient très souvent dans les mythes de fondation des cités, surtout pour mettre en avant l’alliance de deux peuples, où les nouveaux venus s’intégreraient dans la société autochtone. Les descendants de colons et d’indigènes se dessinent alors une origine commune, et justifient des relations commerciales, politiques, etc privilégiées avec la cité d’origine présumée.
Ci-dessous : la Méditerranée au Vème siècle av. J.-C. Sont cerclées de rouge Phocée – la métropole (la ville-mère en grec) et ses colonies occidentales dont Marseille évidemment.