S’il y a des livres qui dévoilent sans tabous les arcanes des pouvoirs des pays sous-développés, l’ouvrage de Omar Brousky « Maroc : les enquêtes interdites » dissèque au bistouri les dessous du pouvoir du Makhzen, avec pour toile de fond les prérogatives quasi illimitées du monarque et «l’amitié » indéfectible qui le lie aux présidents successifs de la France des libertés, depuis Chirac.
On y apprend ainsi que si la France ménage le Maroc et ses atteintes aux libertés c’est uniquement pour préserver ses intérêts et des contrats juteux qui se chiffrent en milliards d’euros !
Le sentiment général qui se dégage de ce livre est que pour « notre ami le Roi » seuls comptent ses propres intérêts… Les relations commerciales avec la France sont étonnement fructueux.
Le stock d’IDE (stock d’investissements étrangers) français au Maroc est quatre fois supérieur à celui de l’Algérie par exemple, et douze fois celui enregistré en Tunisie. Avec 8 milliards d’euros d’échanges commerciaux annuels et 750 filiales d’entreprises françaises générant plus de 120 000 emplois. La France a ainsi reconquis son rang de premier partenaire économique et commercial après l’avoir brièvement perdu au profit de l’Espagne.
Mais la dimension inégalitaire de ces « relations » présente des travers qui s’apparentent parfois à de véritables scandales. Dans les dossiers importants, ce type de relations, basées sur les « connaissances » et les « renvois d’ascenseur », pèse souvent, d’un côté comme de l’autre, sur le processus de décision au plus haut niveau.
L’on comprend mieux l’irritation régulier d’Alger vis à vis de l’ancienne puissance coloniale. La fortune personnelle du monarque se chiffre en milliards d’euros. Inutile de dresser une liste exhaustive de ses possessions.
Par ailleurs, les projets faramineux se font souvent pour le prestige du roi et non pas pour l’intérêt collectif. Par exemple, pour l’homme d’affaire casablancais Karim Tazi, patron du groupe Richbond, « le projet TGV a été approuvé et octroyé dans un manque de transparence total ». « C’est un projet qui n’est pas prioritaire pour le Maroc. C’est l’équivalent de 25 000 écoles dans le monde rural, de 16 000 bibliothèques, de 10 000 médiathèques et de 25 centres universitaires hospitaliers », résume Omar Balafrej, un des principaux membres du collectif Stop TGV. Cela ne vous rappelle pas certains projets d’un pays voisin qu’il est inutile de citer ? Commandeur des croyants, et « premier débiteur » d’alcools…
Au-delà des palais et propriétés privées, Mohammed VI est surtout le premier homme d’affaires du Maroc. Les groupes financiers qu’il contrôle sont présents dans les secteurs stratégiques de l’économie du pays, des télécommunications à l’agroalimentaire en passant par la finance et les banques ou encore le secteur minier. Le Commandeur des croyants est également l’un des premiers « débiteurs » de boissons alcoolisées grâce à la chaîne de grandes surfaces Marjane, qu’il contrôle, selon ce livre…
Ce qui est haram pour le petit peuple est hallal pour la famille royale. Ce qu’il y a sans doute d’intéressant c’est l’accueil privilégié dont jouissent la plupart des politiques et des célébrités françaises. À cet égard, le Maroc constitue un véritable paradis de villégiature pour les nantis de l’Hexagone.
Entre les « amis » du Maroc, d’une part, et les « invités de marque » du roi, de l’autre, il y a des nuances. Les premiers ne manquent pas parmi l’« élite politico-médiatique française» ; les seconds, eux, font partie d’un club sélect : les hôtes du monarque.
Brice Hortefeux, Dominique Strauss-Kahn et son ex-épouse Anne Sinclair, Jean-Louis Borloo et son épouse la journaliste Béatrice Schönberg, Hervé Morin, Alain Delon, Bernard-Henri Lévy, François-Marie Banier, Patrick Balkany et son épouse Isabelle, Marc Lavoine et son épouse Sarah, etc., ceux qu’on appelle les « amis (français) du Maroc » sont légion.
La plupart possèdent leur riad à Marrakech où ils fuient régulièrement les flashes des paparazzis et les regards intrusifs de la masse. Ceux qui n’ont pas de résidence à Marrakech vont à la Mamounia ou à l’autre palace, le fameux Es Sâadi, autre temple du luxe et de la démesure. Situé dans le quartier de l’Hivernage, dans un magnifique jardin de 9 hectares, Es Sâadi est au cœur du vieux Marrakech. Propriété d’une famille franco-marocaine, les Bauchet, le premier prix pour une chambre peut y atteindre 500 euros la nuit, celui d’une villa 2 500 euros la nuit. C’est-y pas beau la vie de monarque ? Elle n’est pas belle l’amitié franco marocaine ? Alger-Paris-Rabat : de mal en pis
Ce ménage à trois a toujours été source de conflits. Beaucoup de choses ont changé depuis la fin des mandats de Chirac à la tête de la France. Ainsi, depuis François Hollande, les relations entre Rabat et Paris sont au plus bas. Au contraire, bien meilleures avec Alger. « Ils n’ont jamais caché leur méfiance vis-à-vis de l’ancien président français : « Avec l’arrivée à l’Élysée de François Hollande, il y avait beaucoup d’inquiétudes et de méfiance par rapport à l’équipe qui l’entourait et qui était nettement pro-algérienne, confie à l’auteur l’ancien chef de la diplomatie et actuel Premier ministre marocain Saad Eddine Elotmani », écrit Omar Brouksy. La situation n’a pas changé beaucoup sous l’ère d’Emmanuel Macron. Et l’affaire du Sahara occidental est comme une grenade dégoupillée.
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