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Dans un communiqué paru dimanche 21 mai dans la soirée, le ministère français de l’Intérieur, par le biais de la secrétaire d’État à la Citoyenneté, Sonia Backès, a affirmé «ne pratiquer aucun fichage des élèves en fonction de leur confession». Cela fait suite au recensement à Toulouse, par des policiers, des élèves absents pour le jour de l’Aïd al-Fitr qui marque la fin du ramadan. «Aucune donnée nominative n’a été ni demandée ni recensée à aucun moment», poursuit le communiqué.
Des policiers avaient demandé aux chefs d’établissements scolaires de Toulouse de leur indiquer le nombre d’élèves absents le jour de l’Aïd al-Fitr, requête qui a suscité l’indignation de la communauté éducative, a appris l’AFP ce vendredi de sources concordantes. Cette demande a été faite par mail, sans l’aval du rectorat de Toulouse: «En aucun cas nous ne menons des enquêtes de la sorte», a déclaré à l’AFP Mostafa Fourar, recteur de l’académie.
L’Aïd al-Fitr, fête marquant la fin du ramadan pour les musulmans, a eu lieu cette année le 21 avril, veille des vacances scolaires dans l’académie de Toulouse. Selon une source proche du dossier, «il s’agit d’une maladresse». «Les services du renseignement territorial sont passés par des policiers référents de l’Éducation nationale, leur message était mal formulé, mais demander un taux d’absentéisme, ce n’est pas du fichage ni des données nominatives», a souligné cette source.
Jean-Christophe Cambadélis demande à Gérald Darmanin de «faire la lumière»
Plus tôt ce dimanche , l’ancien premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a demandé que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin «fasse la lumière» sur ces recensements. «C’est n’importe quoi là franchement. On est dans une situation invraisemblable. Je demande à ce que le ministre de l’Intérieur (Gérald Darmanin ) fasse la lumière sur cette affaire. Qu’il nous indique si c’est une directive ou si des policiers, en leur nom personnel, ont décidé ce fichage dans l’ensemble de la ville», a dit sur Radio J l’ancien député socialiste.
«Qu’est-ce qui a conduit à ce que des policiers décident de s’adresser aux chefs d’établissements (scolaires) pour connaître le taux d’absentéisme ? Qu’est-ce qu’ils cherchaient ? C’est ça qu’il faut savoir», a-t-il ajouté, en évoquant «vraisemblablement» de la discrimination. «Il faut faire la lumière sur cette affaire, ça fait partie des dysfonctionnements et de la déconstruction républicaine que nous vivons en ce moment», a-t-il jugé.
En milieu d’après-midi, l’association SOS Racisme s’est indignée d’une demande «particulièrement choquante» qui «associe la pratique religieuse musulmane à une question de sécurité ou de renseignement intérieur». D’après SOS Racisme, la demande faite par les forces de l’ordre «rompt avec plusieurs principes essentiels» comme la «laïcité» ou l’«égalité».