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Tôt dans la matinée du mercredi 30 aout 2023, alors que l’on attendait avec impatience les réactions après les résultats des urnes, c’est un autre résultat qui sort du bout des baïonnettes.
Un général non candidat à la présidentielle est porté à la tête du Gabon par certains de ses frères d’armes. Un incroyable talent à l’africaine qui fait craindre pour les élections futures en Afrique. Tout au long de ce mercredi 30 aout 2023, l’Afrique voit un changement de régime au Gabon. Depuis 55 ans c’est la toute première fois que les Bongo sont obligés de quitter malgré eux le pouvoir.
Même au temps fort de la maladie du president Ali Bongo, personne au Gabon, n’avait pensé à un quelconque changement de régime.
L’événement de ce 30 août vient créer une liesse générale car beaucoup ou presque tout le monde rêvait de voir Ali Bongo quitter le fauteuil présidentiel en raison de son état de santé. C’est désormais chose faite par un coup d’état pur et simple, un peu comme le coup d’état au Niger, au Burkina Faso, en Guinée et au Mali.
Un général le chef de la sécurité présidentielle, Brice Clotaire Oligui Nguema, devient l’homme fort du Gabon. La rue exulte à l’annonce du coup d’état. La communauté internationale semble pousser un ouf de soulagement. Elle condamne à minima ce qui vient de se passer à Libreville. Ici, contrairement aux autres pays où il y a eu coup d’état, on se limite juste à la condamnation de l’acte alors que dans les précédents pays il est bien précisé une exigence d’un retour à la légalité constitutionnelle.
On a tous applaudi au départ de Bongo. Attendant des faiseurs de roi, un appel ferme pour un retour à la légalité constitutionnelle comme c’est le cas actuellement au Niger et avant le Niger, au Burkina Fasso, au Mali…que neni. Le Gabon n’est pas les autres. Tout comme les autres ne sont pas le Gabon.
Ici le nouvel homme fort sort du clan Bongo père et fils. Bien connu du milieu français, le général Brice Clotaire est de la maison.
“selon que vous serez puissant ou misérable la justice vous rendra blanc ou noir”. Ici c’est l’Union Africaine et la France qui apprécieront la nature de votre coup et poseront leurs exigences ou leur benediction selon que vous êtes des leurs ou pas.
Aux applaudissements des premières heures succèdent des interrogations. Au Gabon n’y a t-il pas d’ordre constitutionnelle? Pourquoi ne pas exiger un recompte des voix pour dégager le vrai vainqueur des élections? Que prévoient les textes pour différends lors des élections? Pourquoi….? Autant de questions qu’il vaut mieux oublier le coup d’état étant déjà consommé. Encore un précédent qui vient compliquer les processus électoraux et la démocratie en Afrique.
Désormais pour une peccadille pendant les élections, l’armée du pays concerné ne fera que s’inspirer du cas Gabonais et le plus rapide devient président pour une transition. Transition vers on ne sait. Idem pour tout candidat en bonne position dont on suspecte les propos pas très favorables aux intérêts de X ou Y et le tour est joué. La France, encore la France et toujours la France
Ce 30 août 2023, Paris condamne à minima le coup d’état à Libreville, même si dans le communiqué de l’hexagone on affirme condamner avec fermeté. Au Niger Macron a réuni son Conseil de sécurité aux premières heures du coup à Niamey ce qui n’est pas le cas au Gabon. Paris n’évoque aucune intervention armée au Pays de Leon Mba et pourtant là aussi la France dispose d’une base militaire, le 6ème bataillon d’infanterie et de marine, le 6ème BIMA en place depuis 1975. Avant même d’avoir été confirmé par ses frères d’armes, le général accorde une interview le même jour au journal français le Monde. Hasard de calendrier ou un projet bien monté depuis l’hexagone ? Probablement pas un hasard. Tout semble avoir été planifié depuis de longues dates.
À voir de près, l’hypothèse d’un coup prémédité avec une complicité extérieure n’est pas à écarter. Et la présidentielle d’août 2023, un prétexte pour les militaires de signer leur forfait.
Après les coups d’état militaires, les coups d’état constitutionnel, bonjour les coups d’état électoraux avec pour vainqueur le troisième larron. Le Gabon vient de montrer la voie.
Innocent Pato