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Après douze journées de Liga, Girona pointe en tête du classement, devant le Real Madrid et le FC Barcelone. Comment expliquer ce succès ?
Pourquoi Girona domine la Liga devant le FC Barcelone et le Real Madrid ? C’est peut-être la plus grosse surprise des gros championnats européens. Après douze journées de Liga, ce ne sont ni le Barça ni le Real Madrid, ou même l’Atlético, qui poitent en tête, mais bien Girona. Le club catalan affiche un bilan exceptionnel de dix victoires pour un nul et une défaite en championnat, et ne semble pas avoir de limites. Meilleure attaque de la ligue espagnole au passage avec 29 buts marqués, Girona fait aussi sensation à cause du jeu pratiqué par l’équipe. Résolument tournée vers l’attaque, la bande d’Aleix Garcia offre des rencontres particulièrement plaisantes, dans une Liga où le spectacle a clairement fait défaut ces dernières années.
Le premier réflexe serait de penser que si Girona est si haut au classement, c’est parce que les autres candidats au titre sont moins bien. Il est vrai que tant le Real Madrid que le FC Barcelone ont chacun des soucis évidents cette saison, mais ils sont sur un rythme de croisière qui reste assez bon. Les Merengues sont ainsi à 29 points en 12 journées, soit environ 2.4 points par match de moyenne, des statistiques d’équipe championne. Rapportés sur 38 journées, il s’agirait de 91 points, sachant que les titres de Liga se jouent entre 85 et 88 points ces dernières années. Le Barça est lui à 2.25 points pris par match (85.5 pts sur 38 journées), une moyenne tout à fait honorable également et qui en fait un candidat très sérieux au titre. Si Girona en est là aujourd’hui, ce n’est donc pas à cause d’une éventuelle faiblesse de ses concurrents.
Michel, l’architecte
Comment une équipe qui ne compte a priori pas de superstars peut être aussi performante ? Tout d’abord, il faut souligner que l’effectif de Girona est particulièrement bon. Ce n’est pas un effectif de champion ni d’équipe disputant la Ligue des Champions sur le papier, bien sûr, mais il reste très intéressant. Le meneur de jeu Aleix Garcia fait par exemple partie des meilleurs milieux de la Liga depuis un moment. Savinho est la révélation de la saison, et le jeune ailier brésilien affiche une capacité déconcertante à faire la différence dans les derniers mètres. Dans le secteur offensif, il y a des pièces comme les ukrainiens Victor Tsygankov ou Artem Dovbyk qui ne feraient pas tâche dans des clubs de calibre a priori supérieur. Le rôle des joueurs de côté, comme Miguel Hernandez ou Yan Couto, est aussi très important. Un effectif qui mêle jeunes talents et joueurs un peu plus expérimentés, comme les tauliers David Lopez, patron de la défense, ou le vétéran Christian Stuani, et qui est très bien exploité par Michel.
L’entraîneur de 48 ans a réussi à créer une équipe très imprévisible et difficile à appréhender pour ses adversaires. Mais avant tout équilibrée. On est pas face à une équipe qui attaque de façon un peu suicidaire en délaissant la défense, loin de là. C’est une équipe difficile à bouger quand elle n’a pas le ballon, et qui a ensuite énormément de ressources pour faire mal quand elle le récupère. Elle déborde de vitesse, de créativité et de solutions pour faire mal, avec cette sensation que le danger peut venir de partout. Mentalement, c’est très fort, et les hommes de Michel ne flanchent pas même quand ils sont dans une situation difficile. Ce week-end par exemple, ils étaient menés 2-0 sur la pelouse d’Osasuna, et ils ont réussi à inverser la tendance pour s’imposer 4-2.
Membre du City Group, Girona est bien plus qu’un simple club filiale où les Cityzens pourraient envoyer des jeunes pour qu’ils se développent. Le CFC met les moyens et a des ambitions pour le club catalan, à l’image du futur centre d’entraînement et de formation qui va être construit, coûtant 25 millions d’euros. Dans un article publié en début de saison, nous avions déjà détaillé les plans intéressants du City Group avec Girona, bien plus exitants que ce qui se passe à Troyes par exemple. Mais surtout, il a confié la gestion sportive du club à des hommes de la région, épaulés par Pere Guardiola, frère de Pep. Une organisation qui porte ses fruits, et le club est très bien géré. L’été dernier, l’équipe a pourtant perdu des joueurs comme Santi Bueno, Oriol Romeu ou Tatu Castellanos, alors que Rodrigo Riquelme est revenu à l’Atlético. Tous très importants pour Michel, mais ils ont été remplacés avec brio et Girona a encore franchi un nouveau cap cette saison. De là à imaginer Girona champion de Liga il y a encore de la marge, mais une chose est sûre, il faudra compter sur le club catalan dans le haut du tableau pour les années à venir.