Alors que la guerre fait rage entre les paramilitaires du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemedti », et l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah Al-Burhane, le secrétaire général de l’ONU a mis en garde mardi, le 23 avril 2024, contre le risque d’une « déstabilisation régionale. »
Le Soudan a demandé samedi,27 avril 2024, : »la convocation d’urgence d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies » pour examiner ce qu’il qualifie « d’agression » des Emirats arabes unis « contre le peuple soudanais », via leur soutien présumé aux Forces de soutien rapide en guerre contre l’armée, a déclaré samedi à l’AFP une source diplomatique soudanaise.
Un responsable soudanais sous couvert d’anonymat dénonce: « Notre représentant permanent auprès de l’ONU a demandé hier (vendredi) une session d’urgence du Conseil de sécurité pour discuter de l’agression des Emirats arabes unis contre le peuple soudanais et leur fourniture d’armes et d’équipements à la milice terroriste des FSR ».( AFP)
L’agence de presse soudanaise (Suna) a confirmé que le représentant du Soudan, Al-Harith Idriss, avait soumis cette demande et souligné que « le soutien des Emirats arabes unis à la milice criminelle des FRS, (…) fait des Emirats arabes unis les complices de tous ses crimes ».
La tension monte depuis des mois entre l’armée soudanaise dirigée par Abdel Fattah Al-Burhan, qui détient le pouvoir dans le pays, et les Émirats arabes unis. L’armée soudanaise accuse Abou Dhabi de soutenir les Forces de soutien rapide et son commandant, Mohammed Hamdan Dagalo, dans le conflit qui a éclaté entre eux en avril 2023.
Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité la semaine dernière, Abou Dhabi a réfuté les accusations sur son présumé soutien aux FRS.
« Toutes les allégations concernant l’implication des Emirats arabes unis dans toute forme d’agression ou de déstabilisation au Soudan, ou la fourniture d’un soutien militaire, logistique, financier ou politique à toute faction soudanaise sont sans fondement et ne sont pas étayées par des preuves crédibles, » le message a été publié par le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis sur son site Internet.
La guerre au Soudan a fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l’ONU. Elle a aussi largement détruit les infrastructures du pays, poussé au bord de la famine. Plus de 70 % des structures de santé du Soudan sont hors service, selon les Nations Unies.(ONU)
Les Émirats arabes unis, plus grands investisseurs parmi les pays du Golfe, cherchent à accroître leur influence en s’appuyant les réseaux du clan Hemedti, rappelle (RFI). Car le Soudan, troisième producteur mondial d’or, est non seulement riche en minerais mais il dispose aussi d’un fort potentiel agricole. Premier exportateur de gomme arabique, produit très prisé de l’industrie agro-alimentaire, le pays joue également un rôle central dans l’exportation d’animaux d’élevage dans la région.
Abou Dabi a mis en place un réseau maritime qui s’étend de l’île yéménite de Socotra au Somaliland, un petit État non reconnu de la Corne de l’Afrique.
Abu Dhabi Ports Group a signé un contrat pour développer un nouveau port chiffré à 6 milliards de dollars à environ 300 km au nord de Port-Soudan. Ce projet souligne l’enchevêtrement des intérêts commerciaux et géopolitiques émiratis au Soudan. Abu Dhabi Ports Group appartient à ADQ, une société holding dirigée par le cheikh Tahnoun ben Zayed al-Nahyane, le chef de la sécurité nationale des Émirats arabes unis.
(Middle East Eye)
En décembre, le Soudan a demandé à 15 diplomates émiratis de quitter le pays après qu’un éminent commandant de l’armée ait accusé Abou Dhabi de soutenir les Forces de soutien rapide. Cela a coïncidé avec des manifestations dans la ville de Port-Soudan (est), exigeant l’expulsion de l’ambassadeur émirati.
Adel Lux, Conseillier en géopolitique.