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Que se passe-t-il en France ? Vu de l’intérieur, le pays est en crise de confiance. Vu de l’extérieur, il n’est qu’un colosse aux pieds d’argile.
La réalité blesse. Si le trio Chirac, Sarkozy, Hollande avait balisé le terrain pour le Front National (FN), devenu aujourd’hui Rassemblement National (RN), Emmanuel Macron est sur le point de lui accorder les clés du Palais.
Et ce ne sont pas les cris de détresse, sur le tard, de Gabriel Attal qui allaient créer un miracle. Et même si l’alliance du Front populaire parviendrait à changer la donne en sa faveur le dimanche prochain, il y a matière à s’inquiéter du raz-de-marée de l’extrême-droite.
On peut noter, à ce titre, qu’en 2002, c’était aussi la mobilisation anti-FN à large échelle qui avait porté Chirac au pouvoir durant le second tour des présidentielles, mais l’enracinement des idées extrémistes n’avait de cesse d’augmenter crescendo au fil des années.
Cela dit, ce sont les idées radicales qui font peur et ce sont elles qui continuent de progresser dans la société française, même si, d’une manière ou d’une autre, leurs détenteurs ne sont pas arrivés au sésame tant espéré : l’Elysée.
Il est vrai que les crispations identitaires et nationalo-fascistes, exploitées à la faveur de la sempiternelle crise des banlieues, l’islamisme politique et l’immigration, sont de nature à créer un climat anxiogène, durablement paralytique pour la démocratie française.
Celle-ci battait déjà de l’aile depuis longtemps en raison de la désaffection des masses à l’égard des politiques néolibérales suivies jusque-là par les gouvernements successifs, qu’ils soient de gauche ou de droite. Le surgissement du « phénomène macronien » avec la République en Marche qui, faut-il encore le rappeler ici, avait « dynamité » la bipolarité « gauche-droite », n’aurait fait, paraît-il, qu’accélérer la montée en puissance de l’extrême droite.
En empêchant le duel gauche-droite, Macron a fait cavalier seul contre l’hydre frontiste, tout en adoptant sur le terrain sa propre stratégie. La récente loi sur l’immigration adoptée à l’Assemblée Nationale en est la parfaite illustration.
Or, il est connu qu’en période de crise, le « scapegoat » (le bouc-émissaire), c’est toujours l’étranger, le réfugié, l’immigré, l’exilé. Une vieille recette qui, bien que bénéfique à court terme, ne fera que fissurer le mur de la République à moyen et long terme. Macron a joué avec le feu et risque d’en ramasser dimanche prochain les cendres, au grand dam de tous les humanistes de cette ancienne démocratie du vieux continent.
Un scénario qui, à moins d’une surprise venant de la Gauche, pourrait bouleverser tout le bassin méditerranéen et même ailleurs. Il est permis de dire, enfin de compte, que le score des législatives anticipées du 29 juin dernier n’était que la résultante logique des accumulations de frustrations collectives depuis, au moins trois décennies, sur fond de dépression économique.
Reste à définir la suite pour la clan présidentiel qui accuse cette fois-ci un grand coup. Si l’on fait seulement une comparaison avec une situation pareille d’il y a un siècle, on en trouve les mêmes symptômes.
Adolf Hitler, le führer du III Reich (1933-1945) n’avait-il pas tiré profit des répercussions de la grande dépression de 1929, pour s’attirer la sympathie du grand public en Allemagne, en galvanisant les foules sur la nécessité de la « communauté du peuple » ?
Son ascension au pouvoir fut progressive, et c’était à la base en raison de la faiblesse structurelle de toute l’Europe, en particulier l’Allemagne. Le Nazisme et le Fascisme aussi furent des idées et c’étaient les démocraties chancelantes en Allemagne et en Italie qui les avaient rendu réalités. Attention!