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Alors que la glace de mer fond, l’Arctique et l’Antarctique perdent de leur pouvoir de refroidissement de notre climat. Cela semble évident. Mais des chercheurs montrent aujourd’hui que la perte de cet effet est plus importante que la fonte des glaces.
Les calottes glaciaires peuvent être comparées à des climatiseurs géants. En renvoyant efficacement les rayons solaires vers l’espace, la glace, en effet, favorise le refroidissement de notre Terre. Alors bien sûr, lorsque la glace fond – comme c’est le cas actuellement, dans le contexte de réchauffement climatique -, le climatiseur s’enraye. Et des chercheurs de l’université du Michigan (États-Unis) notent aujourd’hui que le phénomène est encore plus marqué qu’ils l’avaient imaginé.
Grâce à des données satellitaires, les climatologues estiment en effet que le pourcentage de diminution du pouvoir de refroidissement de la glace de mer est environ deux fois plus élevé que le pourcentage de diminution de la superficie moyenne annuelle de cette même glace de mer dans l’Arctique et dans l’Antarctique. Dans les Geophysical Research Letters, ils indiquent ainsi que l’Arctique a perdu environ un quart de sa puissance de refroidissement depuis 1980. L’Antarctique, lui, a connu son effet de refroidissement le plus faible de cette même période depuis 2016.
Parce que non seulement la glace fond. Mais la glace restante devient aussi de moins en moins réfléchissante. En cause, des poussières et des algues qui noircissent les surfaces. Aussi bien que des épaisseurs de glace plus fines et des lacs de fonte qui se multiplient. « Les changements intervenus dans la glace de mer de l’Antarctique depuis 2016 augmentent de 40 % le réchauffement dû à la perte de glace de mer. En ne tenant pas compte de ce changement dans l’effet radiatif de la glace de mer en Antarctique, nous pourrions passer à côté d’une part considérable de l’absorption totale d’énergie mondiale », précise Alisher Duspayev, principal auteur de l’étude, dans un communiqué.
Aux limites supérieures des estimations des modèles climatiques
Globalement, le pouvoir de refroidissement des glaces sur la Terre aurait ainsi diminué de 15 % depuis 1980. Poussant le réchauffement climatique lié à cet effet aux limites supérieures des estimations données par les modèles. De quoi encourager les chercheurs de l’université du Michigan à appeler à ce que les plans d’adaptation intègrent au plus vite ces chiffres. Ils comptent d’ailleurs fournir à la communauté scientifique des estimations actualisées grâce à un site Internet mis à jour à chaque fois que de nouvelles données satellites seront disponibles.
Futura-Sciences