Algérie : Emmanuel Macron, un soutien précieux à Abdelmadjid Tebboune ?

La conseillère Afrique du Nord d’Emmanuel Macron est accueillie par Abdelmadjid Tebboune mercredi alors même que les résultats définitifs de la « présidentielle » ne sont pas encore validés ni donc annoncés par la Cour constitutionnelle. Cette visite pour le moins étrange interpelle et pose plusieurs questions.

Emmanuel Macron a été le premier chef d’Etat occidental à féliciter Tebboune pour sa « réélection ». Les USA et les grandes démocraties arabes, comme la Syrie, les monarchies don Golfe ont toutes exprimé leur satisfaction de voir Tebboune « gagner cette élection ».

N’était le pataquès dans lequel se débattent les hautes autorités suite aux annonces de chiffres contradictoires et hilarants, on aurait presque ri que ces pays qui ignorent tout d’une élection libre s’émeuvent de la victoire de Tebboune.

En dépit des brouilles diplomatiques récurrentes, tout porte à croire qu’Emmanuel Macron est au chef de l’Etat algérien ce qu’est la corde est au pendu. La preuve ? Le président français a fait plus que tous les autres pays à l’issue de la calamiteuse présidentielle.

Car pour lui, Tebboune est manifestement un de ses favoris. Il ne lui tient pas rigueur. Mais soyons réaliste, cela n’a pas privé Macron de faire les yeux de Chimène au roi Mohammed VI, « grand ennemi » de Tebboune. C’est le fameux « en même temps » à la Macron.

Donc, non content de son message de félicitations enflammées, Emmanuel Macron envoie dare-dare sur Alger, Mme Anne-Claire Legendre, sa conseillère du président français Emmanuel Macron pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

Finalement, contrairement aux primes apparences, le chef de l’Etat algérien n’est pas non plus rancunier pour un dinar. La preuve ? Les égards avec lesquels est accueillie l’envoyée spéciale du chef de l’Etat français.

A noter au passage l’absence remarquée (pour une fois) de l’inévitable général-major Saïd Chanegriha à cette rencontre ! Une rareté quand on sait qu’il colle le chef de l’Etat à chacune de ses sorties.

Mme Anne-Claire Legendre était porteuse d’un message, indique le communiqué de la présidence. De quel message s’agit-il ? Une communication téléphonique ne pouvait donc pas suffire pour rassurer Tebboune du soutien de Paris ? On aura compris qu’Emmanuel Macron ne pouvait envoyer un ministre puisqu’il n’y en a pas actuellement et son premier ministre ferraille à composer son équipe gouvernementale.

Il reste que l’affichage de Paris au côté de Tebboune alors même que l’Algérie avait rappelé son ambassadeur il y a seulement un mois et demi interroge sur ce qui se passe dans les coulisses des relations entre les deux pays.

A croire qu’il y a une gouvernance bicéphale à Alger. D’autant qu’au lendemain de l’annonce des résultats, l’APS s’est fendu d’une dépêche incendiaire contre les médias français.

Raisonnablement, la présidence algérienne ne peut instruire cette attaque contre les médias français et se prêter à recevoir avec tous les égards d’un ministre d’Etat une simple envoyée spéciale de la présidence française.

C’est là encore une des étrangetés de la posture de Tebboune. Une fois tout ça est dit, restera toujours la question de l’importance accordée à la présence de cette envoyée spéciale au moment même où de gros doutes pèsent sur la transparence de l’élection présidentielle.

En cela et en d’autres, la présence de Mme Anne-Claire Legendre a une portée double : elle vient afficher la caution de la France à Abdelmadjid Tebboune et de fil en aiguille porter un sérieux coup à la révolution silencieuse qui irrigue le pays, dont l’expression la plus franche a été le boycott de la présidentielle. Décidément, héraut des valeurs démocratiques en Europe, Macron se mue bruyamment en soutien patenté des régimes autoritaires en Afrique.

Au vu de ce cérémonial, attendons de voir les relations algéro-françaises se réchauffer de nouveau et notre cher ambassadeur, Saïd Moussi, poser de nouveau ses valises à Paris.

A Alger, dans les milieux de l’opposition, on s’interroge : Emmanuel Macron a-t-il donc choisi Abdelmadjid Tebboune contre le peuple algérien ou y a-t-il une autre signification à la présence de cette envoyée spéciale à Alger ? Telle est la question à laquelle les prochains jours apporteront peut-être une réponse.

Le Matin d’Algérie

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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