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En croyant trouver la perle rare, l’homme a perdu toutes ses économies, environ 110.000 € : « Et j’en suis à 4.500 € de frais de procédure ». Pourtant, quatre ans en arrière, Jean-Paul, était, à 61 ans, le plus heureux des hommes.
Deux fois divorcé, le Doubien, qui vit alors à Seloncourt, rencontre une femme via un site Internet. De celles qui vous ensorcellent : « Elle était très à l’écoute, gentille, compréhensive ». Quelques mois plus tard, Jean-Paul apprend qu’elle vit au Cameroun : « Je la croyais en France. En hiver, on a les mêmes fuseaux horaires. Elle n’avait pas mis de photo mais elle me plaisait ». Jean tombe vite sous le charme. La confiance s’installe.
Quelques mois plus tard, premier séjour à Yaoundé : « J’ai découvert une très belle femme. Le séjour a été merveilleux. Toute sa famille me maternait ». Il rentre en France au bout de quinze jours puis y retourne quatre fois (quatre mois en tout) : « On s’entendait si bien qu’on a décidé de faire construire une maison à 10 kilomètres de la capitale. J’avais ouvert un compte à Yaoundé à son nom. Tous les mois, je lui versais de l’argent correspondant à l’achat du terrain et du matériel ».
« On m’a condamné à lui verser une pension et une provision. On n’était même pas divorcé. »
Pour Jean-Paul, l’Afrique symbolise le début d’une nouvelle vie. Il vend tous ses meubles et quitte la France. Le mariage est célébré le 4 juin 2011 : « J’avais commencé à me poser des questions, à mon arrivée en avril. L’habitation était à moitié construite. Ma compagne m’a expliqué qu’elle avait eu des frais en plus. Je l’ai cru. Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ? ».
Après la noce, Jean-Paul termine la construction de sa maison : « On a mis les bouchées doubles. J’ai même installé un puits pour avoir de l’eau potable ». Mais progressivement, son épouse, mère de 3 enfants, montre un autre visage : « Elle est devenue distante ». En discutant avec des habitants, Jean-Paul se rend compte qu’il a payé le double du prix du terrain : « Et puis, les matins quand je me levais, des billets avaient disparu de mon portefeuille. J’ai mis du temps à comprendre que son fils de 15 ans me les volait dans la nuit… ».
En septembre, le Doubien se rend à l’évidence : « Un jour, je me suis dit, tu te fais arnaquer. Je n’ai jamais pu voir l’acte notarié de la vente du terrain. La notaire appartenait à la même ethnie que ma femme. Elles étaient complices ».
Fin 2011, Jean-Paul fait part à sa femme de son intention de divorcer et tout dégénère : « Elle a demandé à son fils de 6 ans de cacher mon ordinateur portable dans la brousse. Elle faisait 25 kilos de plus que moi. Elle s’est jetée sur moi, j’ai une insuffisance respiratoire et je suis cardiaque. J’ai été secouru par des agriculteurs ». Depuis, Jean-Paul ne peut plus entrer dans sa maison camerounaise sauf escorté des policiers : « J’ai déposé plainte. L’ambassade est au courant ». Durant 2012, l’homme est resté au Cameroun pensant que le divorce serait vite prononcé. Que nenni : « Dans un premier jugement, on m’a condamné à lui verser une pension et une provision. On n’était même pas divorcé. Heureusement, avec mon avocat, nous avons fait appel et le second jugement m’a donné raison ».
Jean-Paul est toujours marié malgré lui : « Ma femme, qui vit dans ma maison, fait tout pour retarder la procédure ». Le sexagénaire est rentré début janvier à Audincourt, définitivement, et vit dans un studio spartiate : « Je demande les 110.000€ versés et la récupération de mes biens ». Sans se faire trop d’illusions cependant : « J’aimerais rencontrer des personnes qui ont été victimes d’une escroquerie similaire. J’aimerais aussi qu’elles prennent contact avec moi. Et mettre en garde les autres ».