Algérie : Vendredi noir en Kabylie et dans plusieurs villes algériennes

Ce vendredi 8 Août 2025 sera marqué par une journée de tension exceptionnelle en Kabylie et dans plusieurs autres villes d’Algérie, où les habitants ont annoncé un « vendredi noir », ponctué de manifestations, de barrages sécuritaires, d’interventions policières musclées et d’un déploiement militaire important.

L’appel à ce vendredi de protestation massive a circulé depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, relayé par plusieurs collectifs citoyens, syndicats locaux, et activistes kabyles. Ce mouvement fait suite à une série d’événements récents ayant ravivé le ressentiment populaire, notamment :

– L’arrestation de plusieurs militants et sympathisants du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK).

– La condamnation de journalistes indépendants pour « atteinte à l’unité nationale ».

– L’intensification de la présence sécuritaire dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira.

– Les difficultés économiques croissantes dans le pays, aggravées par des pénuries de produits de base.

Dès les premières heures du matin, la ville de Tizi Ouzou était méconnaissable. Magasins fermés, transports à l’arrêt, établissements publics désertés, et des jeunes manifestants dans plusieurs quartiers périphériques comme Boukhalfa, Redjaouna, et Azazga. Des slogans hostiles au régime militaire du général Saïd Chengriha , à l’Etat centralisé et à la répression des libertés ont été scandés, certains appelant à une autonomie totale de la Kabylie et à une rupture avec le régime militaire algérien.

Des tirs de gaz lacrymogènes ont été rapportés, ainsi que des arrestations.

Bien que centré sur la Kabylie, le mouvement a également touché d’autres villes. A Alger, plusieurs quartiers populaires comme Bab El Oued, El Harrach et Belouizdad ont connu des mobilisations sporadiques, rapidement dispersées par un dispositif sécuritaire imposant. A Constantine et Oran, des slogans pacifiques ont été scandés.

Dans le Sud, à Ghardaïa, des habitants dénoncent la marginalisation de toutes les régions historiquement opposées au pouvoir central.

Le « vendredi noir » illustre une fois de plus la fracture profonde entre la région kabyle et le pouvoir central. Si l’Etat tente de criminaliser toute forme de revendication identitaire ou politique non conforme à la doctrine officielle, de nombreux citoyens continuent de dénoncer une politique de marginalisation, de répression et de déni culturel.

« La situation demeure tendue, alors que de nouveaux appels à la désobéissance civile circulent sur les réseaux sociaux. Plusieurs ONG tirent la sonnette d’alarme face à des arrestations arbitraires survenues dans la nuit de jeudi à vendredi, et redoutent d’autres interpellations dans les jours à venir ».

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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