0076/HAAC/01-2023/pl/P
La mer des Caraïbes redevient un théâtre de tension stratégique. Selon plusieurs sources concordantes, trois destroyers américains dont l’USS Gravely, l’USS Jason Dunham et l’USS Sampson sont arrivés au large du Venezuela, en eaux internationales, au cours du week-end du 24-25 août.
Officiellement, l’opération relève de la lutte antidrogue annoncée par Donald Trump et vise à perturber les flux de fentanyl et de cocaïne alimentant le marché américain. Mais l’ampleur du dispositif militaire déployé dépasse largement une mission de police maritime. Près de 4 000 militaires sont mobilisés, appuyés par des avions de reconnaissance P-8 Poseidon, au moins un sous-marin d’attaque, et potentiellement un navire amphibie comme l’USS Iwo Jima.
À Caracas, Nicolás Maduro dénonce une provocation « illégale » et accuse Washington de chercher à précipiter un changement de régime sous couvert de guerre contre les cartels.
En réponse, le président vénézuélien a ordonné la mobilisation de plus de 4,5 millions de membres de militants civile, une force paramilitaire composite où se mêlent étudiants, retraités et ménagères, présentée comme un rempart de « résistance populaire » face à l’« impérialisme américain ».
Washington, pour sa part, persiste à qualifier Maduro de « narco-dictateur » et a récemment doublé la prime promise pour sa capture, désormais fixée à 50 millions de dollars.
Ce déploiement s’inscrit dans une stratégie plus large de Donald Trump qui est de militariser la lutte contre les cartels et projeter la puissance américaine dans l’hémisphère sans engager directement une invasion.
Mais, dans un contexte de fragilité interne du régime chaviste, l’installation de navires de guerre à proximité des côtes vénézuéliennes ouvre la voie à des incidents incontrôlés susceptibles de dégénérer.
Le paradoxe reste flagrant. Tandis que Caracas dénonce une « agression », des pétroliers américains tels que « Chevron » continuent discrètement de charger du brut vénézuélien, rappelant que derrière la rhétorique guerrière subsistent des intérêts énergétiques incontournables.
Pour l’instant, aucune confrontation directe n’a été signalée. Mais la présence militaire américaine aux abords du Vénézuéla, conjuguée à la mobilisation massive de la militants chaviste, confirme que la mer des Caraïbes s’impose de nouveau comme un espace de friction. Chaque mouvement naval, désormais, peut être interprété comme le signal d’une escalade aux conséquences régionales imprévisibles.