Côte d’Ivoire : La tension politique persiste à l’approche de la présidentielle

À deux mois du scrutin présidentiel, la Côte d’Ivoire vit au rythme d’une campagne déjà tendue. Pouvoir et opposition s’affrontent dans une bataille sans répit, entre démonstrations de force et bras de fer institutionnels.

L’annonce faite par Alassane Ouattara, le 29 juillet, a marqué un tournant. À 83 ans, le chef de l’État a confirmé sa volonté de briguer un quatrième mandat. Selon lui, ce nouveau quinquennat serait le deuxième de la Troisième République instaurée en 2016. Mais l’opposition a immédiatement dénoncé une candidature « illégale », accusant le président sortant de vouloir se maintenir au pouvoir au mépris de la Constitution.

Après plusieurs interdictions, l’opposition est parvenue à organiser une première grande marche le 9 août à Yopougon, bastion historique des contestations. Le « Front commun », réunissant le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI-RDA de Tidjane Thiam, a rassemblé des milliers de militants dans une atmosphère tendue mais sans débordement majeur. Laurent Gbagbo a ensuite tenu son propre meeting, le 16 août, toujours à Yopougon. Fidèle à son style combatif, l’ancien président a promis qu’« il n’y aura pas de quatrième mandat », accusant Alassane Ouattara d’être sous influence française. Malgré cette mobilisation, il demeure exclu de la course en raison d’une condamnation judiciaire qui l’empêche d’être inscrit sur la liste électorale.

Du côté du PDCI-RDA, la confusion règne. Son président, Tidjane Thiam, également inéligible, reste présenté comme le candidat naturel du parti. Ses partisans l’ont encore affirmé lors d’un point presse le 21 août, avant de déposer son dossier à la Commission électorale indépendante. Mais la probabilité de voir sa candidature rejetée par le Conseil constitutionnel est forte. En interne, certains militants appellent à « sauver le PDCI » en désignant un candidat de substitution. L’homme d’affaires et député Jean-Louis Billon a franchi le pas en déposant sa candidature le 21 août, tout en réaffirmant son attachement aux valeurs du parti. Une démarche qui pourrait le positionner comme alternative en cas d’échec du camp Thiam.

Entre interdictions de marches, mobilisations de rue et incertitudes juridiques, la campagne s’annonce électrique. Alors que la date limite de dépôt des candidatures est fixée au 26 août, le paysage politique reste marqué par des divisions profondes. À l’approche du scrutin d’octobre, la Côte d’Ivoire se prépare donc à une présidentielle où ni camp présidentiel ni opposition ne semblent prêts à céder du terrain.

Daniel GABA DOVI (stagiaire)

Komla AKPANRI
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