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Khalifa Belqasim Haftar, né en 1943 à Ajdabiya, est une figure complexe au cœur de l’histoire tourmentée de la Libye. Ancien proche collaborateur de Mouammar Kadhafi, il a été formé à l’école militaire soviétique et s’est illustré lors de la guerre du Kippour en 1973, où il commandait une unité blindée qui affronta l’armée israélienne.
Son parcours prend un tournant en Libye lorsqu’il est fait prisonnier durant la guerre tchado-libyenne en 1987. Opposant déclaré à Kadhafi, il s’exile aux États-Unis pendant plus de vingt ans, vivant dans l’ombre de la CIA et tissant des alliances avec les puissances occidentales opposées au régime libyen.
En 2011, Haftar revient en Libye pour jouer un rôle clé dans la rébellion contre Kadhafi. Devenu chef d’état-major à Benghazi, il se heurte rapidement à la résistance islamiste et part fonder l’Armée nationale libyenne (ANL). Avec le soutien de tribus, de milices anti-islamistes et de partenaires régionaux, il contrôle depuis 2014 l’Est du pays et défie le gouvernement d’union nationale basé à Tripoli.
Haftar est un stratège militaire habile, mais aussi un homme aux ambitions politiques fortes. Il lance en 2019 une offensive majeure sur Tripoli, déclenchant une longue guerre civile. Son alliance avec le régime syrien de Bachar el-Assad ainsi que son influence qui s’étend au Sahel montrent son rôle déterminant dans une région en crise.
Cependant, cette ascension est marquée par des accusations graves : violations des droits de l’homme, exécutions extrajudiciaires, tortures. Sa volonté de réunifier la Libye est perçue par certains comme un symbole d’espoir, mais par d’autres comme une menace à la paix et à la démocratie.
Quelle est la vraie nature de ce maréchal : un sauveur, un autocrate, ou un homme pragmatique dans un contexte chaotique ? Quel avenir pour la Libye sous son influence ?