0076/HAAC/01-2023/pl/P
Niamey, 27 septembre 2025 — Le bras de fer entre l’État nigérien et le groupe français Orano autour de la mine d’uranium de Somaïr vient de franchir un nouveau seuil. Le 23 septembre, le tribunal arbitral du CIRDI (Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements), organe lié à la Banque mondiale, a interdit à Niamey toute vente ou transfert du minerai extrait par la société minière.
Dans son ordonnance, le tribunal enjoint formellement aux autorités nigériennes de ne pas céder l’uranium à des tiers, estimant que sa rétention constitue une violation des droits contractuels d’Orano, actionnaire majoritaire de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr). Présente au Niger depuis plus de cinquante ans, l’entreprise française avait saisi le CIRDI pour contester la mainmise unilatérale de l’État sur une partie de la production.
Un conflit aux ramifications politiques et humaines
Au-delà du contentieux commercial, le différend prend une tournure politique. Orano a profité de la décision pour rappeler la détention prolongée de son représentant local, Ibrahim Courmo, arrêté en mai 2025 et toujours incarcéré malgré une ordonnance de libération émise par la Cour d’appel de Niamey en juillet. Le CIRDI a également appelé les autorités nigériennes à respecter cette décision judiciaire interne.
Souveraineté vs contrats internationaux
Au cœur du litige : la volonté du Niger de revoir le capital de la Somaïr pour renforcer son contrôle sur une ressource stratégique. Niamey invoque son droit souverain à tirer meilleur profit de ses richesses naturelles, tandis qu’Orano défend le respect des accords et la protection de ses investissements.
Le climat de méfiance s’est intensifié ces derniers mois, notamment après l’échec de la tentative nigérienne de récuser l’arbitre désigné par Orano. Ce nouvel épisode judiciaire pourrait avoir des répercussions sur les relations économiques du Niger et sur la gestion de ses ressources minières.
