Le Togo va-t-il vraiment bien ?

Non, Monsieur Robert Dussey. Le Togo ne va pas bien. Et il est temps de regarder la réalité en face. La devise nationale du Togo — Travail, Liberté, Patrie — censée incarner les aspirations des pères fondateurs, semble aujourd’hui en profond décalage avec la vie quotidienne des Togolais. Après plus de soixante ans d’indépendance, cette trilogie républicaine résonne davantage comme un slogan officiel que comme une vérité vécue.

Travail : une jeunesse abandonnée
Le chômage atteint des niveaux alarmants. La majorité des jeunes évolue dans le secteur informel, sans contrat, sans protection sociale, sans perspectives claires. Les formations universitaires restent déconnectées des réalités économiques du pays. Et même dans les rares emplois formels, le droit du travail est bafoué : salaires dérisoires, horaires abusifs, et une liberté syndicale sous perfusion.

Liberté : une démocratie sous tension
Les promesses de liberté sont contredites par une répression systématique. Manifestations pacifiques réprimées dans le sang, arrestations arbitraires de journalistes, activistes et opposants, restrictions à la liberté d’expression et d’association… Le régime actuel s’enfonce dans une logique autoritaire qui étouffe les voix dissidentes et fragilise les fondements démocratiques.

Patrie : un sentiment d’exclusion
Le sentiment d’appartenance nationale s’effrite. La méfiance envers les institutions, la corruption endémique et le recul des droits civiques nourrissent un malaise profond. Les citoyens critiques deviennent des persona non grata. La patrie semble réservée à une minorité privilégiée, celle qui ferme les yeux sur les dérives du pouvoir.

Si la devise nationale ne trouve plus d’ancrage dans la réalité, si elle est entravée par l’absence de vision et de volonté politique, alors il faut avoir le courage de poser la question : le Togo va-t-il vraiment bien ?