0076/HAAC/01-2023/pl/P
La course aux armements entre le Maroc et l’Algérie franchit un nouveau palier. Alors qu’Alger officialise l’acquisition de chasseurs russes Soukhoï Su-57, Rabat exprime son intérêt pour les F-35 américains, des appareils parmi les plus avancés au monde. Ces deux puissances du Maghreb pourraient ainsi devenir les premiers pays africains à intégrer des avions de combat de cinquième génération dans leur arsenal militaire.
Selon les données du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), le Maroc et l’Algérie ont concentré à eux seuls 90 % des achats d’armement en Afrique du Nord en 2024. Cette dynamique reflète une volonté affirmée de moderniser leurs forces armées, mais aussi de renforcer leur position stratégique dans une région marquée par des tensions persistantes.
Loin d’annoncer une guerre imminente, cette montée en puissance technologique s’inscrit dans une logique de dissuasion. Les deux États cherchent à maintenir un équilibre militaire, tout en affichant leur capacité à défendre leurs intérêts nationaux. Le Maroc, fort de ses partenariats avec les États-Unis et Israël, mise sur l’accès à des technologies de pointe. L’Algérie, fidèle à son alliance avec Moscou, poursuit une stratégie d’autonomie militaire fondée sur des équipements russes éprouvés.
Au-delà de la sécurité nationale, l’enjeu est aussi diplomatique. Posséder des avions de cinquième génération permettrait à Rabat et Alger de renforcer leur influence sur le continent africain, notamment dans les zones sensibles comme le Sahel. Ces appareils offrent des capacités de surveillance, de frappe et de projection de force qui redéfinissent les rapports de puissance.
L’acquisition de ces avions représente un coût faramineux, auquel s’ajoutent les dépenses liées à la formation des pilotes, à la maintenance et à l’adaptation des infrastructures. Ce choix stratégique soulève des interrogations sur les priorités budgétaires, dans des pays confrontés à des défis socio-économiques majeurs.
La rivalité aérienne entre le Maroc et l’Algérie illustre une recomposition des équilibres militaires en Afrique du Nord. Si la bataille des airs n’a pas encore eu lieu, elle se joue déjà sur le terrain diplomatique, technologique et stratégique.