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Après quatre mois d’attente, le président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, a rendu publique le 8 octobre 2025 la composition du premier gouvernement de la Ve République togolaise. Cette nouvelle équipe compte 27 membres, contre 34 dans le précédent exécutif dirigé par Victoire Tomégah-Dogbé. Ce changement marque une nouvelle ère politique. Le poste de Premier ministre disparaît, et le chef de l’État reprend directement la direction du gouvernement. Le pouvoir exécutif est désormais concentré entre ses mains, à la Présidence du Conseil.
Avec sept ministres de moins, le nouveau gouvernement se veut plus efficace et moins coûteux. Si chaque ministre touche environ deux millions de francs CFA par mois, la suppression de ces postes représente une économie directe de près de 168 millions de francs CFA par an. En tenant compte des frais de fonctionnement, cette économie pourrait atteindre près de 500 millions de francs CFA. Le président affiche ainsi sa volonté de rationaliser la gestion publique et de réduire les dépenses de l’État.
Sur les 34 membres du précédent gouvernement, 21 ne figurent plus dans la nouvelle équipe. Parmi les départs les plus remarqués figurent Victoire Tomégah-Dogbé, Damehane Yark, Edem Tengue, Christian Trimua, Katari Foli-Bazi ou encore Lidi Bessi-Kama. Ces départs traduisent une rupture nette avec l’ancienne équipe et ouvrent la voie à une nouvelle génération de responsables plus technocratiques.
Quatorze nouvelles personnalités font leur entrée au gouvernement. Parmi elles, Badanam Patoki, nommé ministre de l’Économie et de la Veille stratégique, Martine Moni Sankaredja, ministre de la Solidarité et du Genre, et Isaac Tchiakpé, ministre de la Culture et des Industries créatives. La plupart de ces nouveaux ministres viennent de l’administration, du milieu académique ou économique. Ce choix confirme la volonté du président de privilégier la compétence et la rigueur dans la gestion des affaires publiques.
Le nouveau gouvernement compte cinq femmes, contre dix dans le précédent. Même si elles sont moins nombreuses, elles occupent des postes importants. Cina Lawson reste chargée de la transformation numérique, Mazamesso Assih gère le développement à la base, et Yawa Kouigan devient porte-parole du gouvernement. Leur rôle devient central dans la politique de modernisation et d’inclusion sociale.
Autre fait marquant, plusieurs ministères stratégiques comme la Défense, la Fonction publique, le Travail et les Transports sont désormais rattachés directement à la Présidence. Cette nouvelle organisation renforce le pouvoir du chef de l’État, qui gouverne sans intermédiaire et supervise directement l’action gouvernementale.
En réduisant la taille de son gouvernement et en privilégiant des profils plus techniques, Faure Gnassingbé amorce une réorganisation politique et économique majeure. L’objectif est clair : faire plus avec moins, renforcer l’efficacité de l’État et améliorer la gouvernance. Reste à savoir si cette réorganisation, pensée pour gagner en cohérence et en rigueur, produira les résultats attendus sur le terrain.
Daniel GABA DOVI