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L’histoire de l’Afrique moderne porte encore les traces profondes de la colonisation européenne. Derrière les frontières tracées sans concertation et les économies fragilisées, plusieurs dirigeants européens ont joué un rôle déterminant dans ce passé douloureux.
Tout a commencé au XIXᵉ siècle, quand les grandes puissances européennes se sont partagées le continent. En 1884, le chancelier allemand Otto von Bismarck a organisé à Berlin une conférence où l’Afrique fut divisée sur une carte, sans qu’aucun Africain ne soit consulté. Cette décision a ouvert la voie à une conquête brutale et à des décennies d’exploitation.
Parmi les figures les plus marquantes, le roi Léopold II de Belgique reste l’un des symboles du colonialisme le plus cruel. À la tête de l’« État indépendant du Congo », qu’il considérait comme sa propriété personnelle, il a fait régner la terreur pour exploiter le caoutchouc et l’ivoire. Des millions de Congolais ont perdu la vie sous son règne.
En France, Jules Ferry, homme d’État influent de la IIIᵉ République, a justifié la colonisation au nom de la « mission civilisatrice ». Son gouvernement a étendu l’empire français en Afrique de l’Ouest, imposant la langue, la culture et les lois françaises. Du côté britannique, Cecil Rhodes, homme politique et aventurier, a conduit la conquête de l’Afrique australe, créant des colonies à son nom — la Rhodésie — en exploitant terres et populations.
Le Portugal et l’Espagne ont, quant à eux, ouvert la voie dès le XVe siècle avec la traite des esclaves. Leurs rois ont installé des comptoirs sur les côtes africaines, participant à la déportation de millions d’hommes et de femmes vers les Amériques.
Mais l’influence européenne ne s’est pas arrêtée avec les indépendances. Dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, certains présidents français ont maintenu une présence forte sur le continent. Charles de Gaulle, en accordant l’indépendance à ses anciennes colonies, a instauré des liens politiques et économiques étroits qui ont souvent limité la souveraineté des nouveaux États. Ses successeurs, François Mitterrand et Jacques Chirac, ont prolongé ce système connu sous le nom de Françafrique, fait d’alliances secrètes et de soutiens à des régimes amis.
Même à l’époque moderne, des politiques économiques européennes continuent d’être critiquées. Les subventions agricoles ou les accords commerciaux inégaux fragilisent encore certaines économies africaines. Pour beaucoup d’observateurs, cette dépendance perpétue sous une autre forme la domination du passé.
Aujourd’hui, l’Afrique cherche à tourner la page. De plus en plus de dirigeants appellent à une coopération fondée sur le respect et l’égalité. L’histoire entre l’Europe et l’Afrique reste complexe, mais un nouveau chapitre peut s’écrire : celui d’un partenariat où chaque continent se regarde enfin d’égal à égal.
Daniel GABA DOVI