Pourquoi le Vatican existe encore au cœur de l’Italie

Au cœur de Rome, derrière ses murs dorés et ses jardins paisibles, le Vatican vit comme un pays à part entière. Pourtant, il se trouve au beau milieu de l’Italie. Alors pourquoi l’État italien accepte-t-il qu’un autre État existe sur son territoire ? La réponse se trouve dans l’histoire, la religion et la diplomatie.

Pendant des siècles, les papes régnaient sur un vaste territoire appelé les États pontificaux, qui couvraient une grande partie du centre de l’Italie. Mais en 1870, lors de l’unification italienne, le roi Victor-Emmanuel II a conquis Rome. Le pape a alors perdu son pouvoir politique et s’est enfermé dans le Vatican, refusant de reconnaître le nouvel État italien. Pendant près de soixante ans, les relations entre Rome et le Saint-Siège sont restées glaciales.

Tout a changé en 1929, lorsque Benito Mussolini, alors chef du gouvernement italien, a signé les Accords du Latran avec le pape Pie XI. Ces accords ont créé l’État de la Cité du Vatican, un territoire de seulement 44 hectares, reconnu comme totalement indépendant. En échange, le Vatican a reconnu officiellement l’Italie et a renoncé à tout autre territoire.

Depuis, ce compromis historique assure la paix entre les deux entités. L’Italie conserve sa souveraineté sur Rome, tandis que le Vatican reste libre de gérer les affaires spirituelles de l’Église catholique dans le monde. Cette indépendance garantit au pape une neutralité totale face aux gouvernements et aux conflits politiques.

Aujourd’hui encore, le Vatican possède son propre gouvernement, sa monnaie, ses timbres, sa police et sa diplomatie. Il échange avec plus de 180 pays et joue un rôle actif dans les questions internationales. L’Italie, de son côté, y voit un avantage : la présence du Vatican renforce son image sur la scène mondiale et attire des millions de visiteurs chaque année.

En somme, le Vatican existe parce qu’un accord historique l’a rendu possible, et parce que cette situation unique profite à tous. L’un représente le pouvoir spirituel, l’autre le pouvoir politique. Ensemble, ils cohabitent depuis près d’un siècle, au cœur de Rome, dans un équilibre fragile mais durable.

Daniel GABA DOVI