Haïti, rançonnée pour sa liberté : 200 ans d’une dette coloniale qui ruina une nation

Le 17 avril 1825, l’histoire bascule. Haïti, première république noire née d’une révolte victorieuse contre l’esclavage, se voit imposer une dette inimaginable par la France. Sous la menace d’une flotte prête à bombarder Port-au-Prince, le roi Charles X exige 150 millions de francs-or en « compensation » pour les anciens colons — une somme équivalente à 16 fois le PIB haïtien de l’époque.

Réduite à 90 millions en 1838, cette dette reste un fardeau insoutenable. Haïti, contrainte d’emprunter à des banques françaises à des taux exorbitants, entre dans un cycle infernal de remboursements et d’intérêts. C’est la « double dette » : payer pour avoir été libre, puis payer pour pouvoir payer.

Un siècle d’asphyxie économique
L’indemnité principale est soldée en 1883, mais les paiements d’intérêts se poursuivent jusqu’en 1952. En valeur actuelle, Haïti aura versé près de 560 millions de dollars — sans compter les pertes de développement. Plus de 40% du budget national englouti chaque année dans cette rançon coloniale.

Les séquelles d’un pillage
Privée de ressources pour l’éducation, la santé, les infrastructures ou l’industrialisation, Haïti reste aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres du monde. 37% de sa population vit sous le seuil de pauvreté extrême. La classe moyenne est laminée, les inégalités explosent, et l’instabilité politique perdure.

Un appel à la justice historique
Ce crime économique, longtemps occulté, incarne l’un des visages les plus cruels du néocolonialisme. Il est temps de reconnaître cette dette odieuse, d’envisager des réparations et de soutenir Haïti dans sa reconstruction.

Parce que l’indépendance ne devrait jamais être une condamnation.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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