0076/HAAC/01-2023/pl/P
Par Daniel Edah
Porteur de la vision d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable dans une Afrique bien intégrée et en plein essor.
Mes chers compatriotes,
Comme beaucoup d’entre vous, j’ai suivi avec attention l’intervention du Président de la République, Patrice Talon, le 4 novembre dernier. Cette prise de parole a mis en lumière un différend profond et persistant entre lui et son prédécesseur, le Président Boni Yayi. Ce conflit personnel, devenu politique, affecte gravement la vie sociale et institutionnelle de notre pays.
Il apparaît que plusieurs réformes engagées ces dernières années ont été influencées, directement ou indirectement, par cette rivalité. Le Président Talon a lui-même reconnu être le principal architecte de ces réformes, qu’il ajuste selon sa propre appréciation. Dans ce contexte, il semble incohérent de solliciter un parti d’opposition pour signer un accord de gouvernance ou parlementaire avec un parti au pouvoir ou qui lui est affilié.
La réforme du système électoral et celle du système partisan, censées renforcer notre démocratie, montrent aujourd’hui leurs limites à l’approche des élections de 2026. Le calendrier électoral des législatives reste modulable, contrairement à celui de la présidentielle, tandis que des prolongations affectent les élections communales. Le Président Talon lui-même admet que les partis politiques ne peuvent atteindre seuls les 20 % de suffrages requis par circonscription pour obtenir des sièges, sans recourir à des alliances parlementaires.
À travers son discours, j’ai perçu chez le Président Talon une prise de conscience salutaire : celle des effets délétères d’une gouvernance fondée sur la revanche et les inimitiés. Son ouverture à un retrait simultané de la scène politique avec le Président Boni Yayi traduit une volonté de dépassement. Bien que cette proposition soit unilatérale, elle mérite d’être saluée. Car aucune réforme, aussi ambitieuse soit-elle, ne peut prospérer si elle repose sur la rancune.
Le climat politique actuel, marqué par la méfiance et la polarisation, exige un sursaut collectif. Face aux incongruités du processus électoral en cours notamment l’absence du principal parti d’opposition à la présidentielle et pour éviter l’aggravation des fractures sociales, j’invite le Président Patrice Talon à suspendre le processus électoral et le projet de révision constitutionnelle. Il est temps de convoquer un dialogue national spécial, inclusif et sincère.
J’en appelle :
- Aux soutiens du Président Talon, pour accompagner cette démarche d’apaisement.
- Au Président Boni Yayi et aux députés du parti Les Démocrates, pour soutenir cette dynamique si elle est initiée.
- À la CEDEAO et à l’Union Africaine, pour encourager cette initiative en faveur de la paix et de la démocratie dans le golfe de Guinée.
- Aux partenaires bilatéraux du Bénin — Nigeria, Afrique du Sud, France, États-Unis, Allemagne, Pays-Bas — pour appuyer activement cette voie de réconciliation.
Ce dialogue ne doit pas être un procès politique. Il doit être un espace de vérité, d’inclusion et de réconciliation, visant à :
- Restaurer la confiance entre les acteurs politiques,
- Garantir l’équité et la transparence du processus électoral,
- Établir des mécanismes institutionnels durables contre toute gouvernance fondée sur l’exclusion ou la vengeance.
Le Bénin a toujours su triompher par le dialogue. À ce tournant historique, l’intérêt supérieur de la Nation doit primer sur toute ambition personnelle ou partisane.
Ensemble, choisissons la sérénité, l’unité et la paix pour bâtir un Bénin véritablement stable et prospère.
Que Dieu bénisse le Bénin.
Fait à Addis-Abeba, le 6 novembre 2025.





