Togo/Des enfants sans nom : le gouvernement rattrape un retard criant

Bagbé, 12 novembre 2025 — Il aura fallu attendre des années pour que 5 000 enfants obtiennent enfin ce qui aurait dû leur être garanti dès la naissance : une identité légale. Le lancement officiel de la campagne nationale de délivrance de jugements supplétifs au Centre CAFAP de Bagbé, bien que salué, met en lumière une réalité troublante : des milliers d’enfants vivent encore sans acte de naissance, privés de droits fondamentaux.

Dans la commune d’Avé 2, 200 élèves bénéficieront de cette régularisation tardive. Mais derrière les chiffres, une question dérange : comment expliquer qu’en 2025, tant d’enfants soient encore invisibles aux yeux de l’État ?

Le Secrétaire général du Ministère de l’Administration Territoriale, M. Esso Koudjoou, a déclaré que « l’acte de naissance est le socle de la citoyenneté et de la dignité humaine ». Une affirmation qui sonne comme un aveu : sans ce document, ces enfants n’existent pas officiellement, ne peuvent accéder à l’école, aux soins, ni exercer leurs droits civiques.

Cette campagne, soutenue par l’OIF, est une réponse tardive à une urgence silencieuse. Elle révèle les failles persistantes du système d’état civil, les lenteurs administratives et l’absence de mécanismes proactifs pour garantir l’enregistrement universel des naissances.

Pourquoi faut-il une campagne exceptionnelle pour accomplir une obligation ordinaire ?
L’identité ne devrait pas être un privilège accordé par vagues, mais un droit automatique et inaliénable. Tant que l’État ne mettra pas en place un système robuste, accessible et permanent, ces opérations ponctuelles resteront des rustines sur une fracture institutionnelle.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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