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Dans l’ombre des palais présidentiels, les sirènes hurlent, les blindés grondent et les radios annoncent l’impensable : un coup d’État. Mais parfois, le véritable stratège n’est pas un général rebelle… c’est le président lui-même. Ces “self-coups” ou autogolpes, où le pouvoir feint sa propre chute pour mieux se renforcer, sont des armes politiques redoutables. Dissoudre le parlement, purger l’armée, suspendre les élections : une mise en scène macabre qui transforme la démocratie en théâtre d’ombres.
L’acte le plus récent : Embaló en Guinée-Bissau
Le 26 novembre 2025, à la veille de résultats électoraux contestés, des tirs éclatent autour du palais présidentiel de Bissau. Umaro Sissoco Embaló dénonce un “coup” et annonce sa propre détention. L’armée prend la parole à la télévision nationale, suspend le processus électoral, ferme les frontières et impose un couvre-feu. Très vite, les soupçons s’accumulent : et si ce scénario avait été orchestré par Embaló lui-même pour dissoudre un parlement hostile et écraser l’opposition ? Résultat : un général transitoire au pouvoir, Embaló en fuite vers Dakar, et un pays replongé dans le chaos de ses dix coups d’État depuis l’indépendance.
Les précédents historiques
Sangoulé Lamizana (Burkina Faso, 1974) : simule une menace militaire pour dissoudre le parlement et revenir en dictateur.
Idriss Déby (Tchad, 2004-2008) : orchestre ses propres “complots” pour purger l’armée et éliminer ses rivaux.
Gnassingbé Eyadéma (Togo, 1986) : feint une attaque armée pour massacrer l’opposition et verrouiller son règne.
Alberto Fujimori (Pérou, 1992) : dissout Congrès et Cour suprême sous prétexte de lutte antiterroriste, installe une dictature constitutionnelle.
Ferdinand Marcos (Philippines, 1972) : invente un attentat communiste, décrète la loi martiale et s’offre 14 ans de pouvoir absolu.
Mamerto Urriolagoitía (Bolivie, 1951) : bloque l’élection d’un rival socialiste en transférant le pouvoir à un régime militaire sur mesure.
Ces faux coups d’État ne sont pas des farces : ils détruisent la confiance, plongent les nations dans le chaos et transforment des présidents en tyrans. En Afrique comme ailleurs, ils rappellent que le danger ne vient pas toujours des casernes… mais bien des palais eux-mêmes.





