Kirill Dmitriev : de Wall Street au Kremlin, l’homme de l’ombre des négociations russo-ukrainiennes

Né en 1975 à Kiev, en pleine URSS, Kirill Dmitriev a connu un parcours hors du commun. Parti aux États-Unis à la fin des années 1980, il s’impose rapidement comme un prodige de la finance. Diplômé en économie de Stanford, puis titulaire d’un MBA avec distinction de Harvard Business School, il débute chez McKinsey avant de rejoindre Goldman Sachs à New York, où il se familiarise avec les rouages du capitalisme occidental.

De retour en Russie en 2000, Dmitriev gravit rapidement les échelons. Directeur général adjoint d’IBS, leader des services IT, il devient ensuite associé chez Delta Private Equity Partners (2002-2007). Son fonds Delta Capital affiche un rendement spectaculaire de 220 %, l’un des plus élevés de l’histoire russe. Il poursuit son ascension à la tête d’Icon Private Equity (2007-2010), avant d’être nommé en 2011 PDG du Russian Direct Investment Fund (RDIF), doté de 10 milliards de dollars pour attirer les capitaux étrangers, notamment du Golfe et de Chine.

Ses liens avec le Kremlin renforcent son influence. Recommandé par Sergueï Ivanov, il épouse en 2011 Natalia Vatolina, proche de Katerina Tikhonova, la fille de Vladimir Poutine. Dès lors, Dmitriev devient un acteur clé des grandes négociations : promoteur du vaccin Spoutnik V en 2020, artisan des accords OPEP+ en 2016, et médiateur dans des échanges de prisonniers avec Washington.

Sanctionné par les États-Unis en 2022 après l’invasion de l’Ukraine, il se positionne comme défenseur d’une solution diplomatique. En février 2025, il est nommé envoyé spécial de Vladimir Poutine pour les investissements et la coopération économique. À 50 ans, Dmitriev joue désormais un rôle central dans les discussions russo-américaines, travaillant avec Steve Witkoff, proche de Donald Trump, sur un plan de paix controversé incluant cessions territoriales et neutralité ukrainienne.

De Wall Street aux coulisses du Kremlin, Kirill Dmitriev incarne une élite russo-occidentale hybride. Stratège discret mais influent, il s’impose comme l’un des principaux négociateurs de Moscou dans la guerre en Ukraine. Reste à savoir si son action mènera à une paix durable ou à une solution imposée.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *