Tentative de coup d’État avortée au Bénin : une journée de chaos à Cotonou

Le 7 décembre 2025, le Bénin a vécu une journée de tension extrême. En quelques heures seulement, une tentative de coup d’État menée par le lieutenant-colonel Pascal Tigri et son « Comité militaire pour la refondation » a plongé Cotonou dans le chaos. Les mutins ont annoncé la destitution du président Patrice Talon à la télévision nationale, avant que les forces loyalistes ne reprennent le contrôle.

Dès l’aube, plusieurs résidences de hauts gradés ont été prises pour cible.

  • À Abomey-Calavi, le domicile du général Bertin Bada, directeur du cabinet militaire du président, a été attaqué. Son épouse a succombé à ses blessures, tandis que lui-même a échappé de justesse aux assaillants.
  • Le général Abou Issa, chef d’état-major de l’armée de terre, a été enlevé par les mutins, tout comme un autre officier supérieur dont l’identité reste inconnue.

Un commando a ensuite tenté de prendre la résidence présidentielle, mais la Garde républicaine a repoussé l’attaque. Les mutins se sont alors emparés du siège de la SRTB, la télévision nationale, où Tigri a proclamé la suspension de la Constitution et des institutions. Moins de vingt minutes plus tard, le signal a été coupé et les forces loyalistes ont repris le bâtiment.

Vers 11h45, le ministre de l’Intérieur Alassane Seïdou a déclaré que la situation était « sous contrôle ». Des combats sporadiques ont néanmoins continué dans plusieurs quartiers de Cotonou. Treize mutins ont été arrêtés, mais Tigri et ses principaux complices restaient introuvables. La riposte a été coordonnée par le général Fructueux Gbaguidi, chef d’état-major des armées, depuis Paris, en lien direct avec le président Talon.

Cette tentative de putsch est la première au Bénin depuis la prise de pouvoir de Mathieu Kérékou en 1972. Les chancelleries étrangères ont suivi de près les événements, et des forces spéciales françaises présentes à Cotonou ont été mises en alerte.

Les zones d’ombre autour de Tigri

Le lieutenant-colonel Tigri, ancien commandant du 3e Bataillon interarmes et chef du Groupement des forces spéciales, a justifié son action par la « dégradation sécuritaire » et des injustices dans les promotions militaires. Son discours a rappelé celui des putschistes au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Plusieurs activistes proches de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont salué son initiative, dont le militant panafricaniste Kemi Seba.

Un haut gradé béninois ayant travaillé avec Tigri s’est dit « surpris » de le voir à la tête des mutins, le décrivant comme un soldat « calme et réservé », laissant planer l’hypothèse d’une manipulation.

Ce récit montre que, malgré l’échec du coup d’État, le Bénin reste confronté à des fragilités sécuritaires et politiques qui pourraient continuer à alimenter les tensions dans la sous-région.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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