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Dans une analyse sévère et sans détour, l’acteur de la société civile Dany Ayida estime que la nouvelle Constitution instaurant la Ve République marque un tournant préoccupant pour le Togo. Selon lui, loin d’incarner une refondation démocratique, cette réforme constitutionnelle accentue les fractures nationales et affaiblit davantage des institutions déjà fragilisées.
Ayida rappelle que près de 35 ans plus tôt, la Conférence Nationale Souveraine avait cristallisé les aspirations profondes du peuple togolais : liberté, alternance, État de droit, modernisation institutionnelle.
Pour lui, ces acquis symboliques et politiques, censés servir de socle à une nation unie, sont aujourd’hui remis en cause par un système qui s’éloigne de l’esprit démocratique initial.
L’analyse souligne que les institutions républicaines apparaissent désormais « fébriles », vidées de leur rôle de contre‑pouvoir et alignées sur les intérêts d’un seul camp politique.
Cette situation, selon Ayida, contribue à une division nationale sans précédent, où la réforme constitutionnelle est perçue non comme une évolution institutionnelle, mais comme un passage en force.
Ayida estime que le passage à un régime parlementaire, tel qu’il est présenté, ne correspond ni à l’esprit ni aux standards d’un véritable parlementarisme.
Il y voit plutôt l’émergence d’un système qui concentre davantage le pouvoir autour du Président du Conseil, une fonction dotée de prérogatives étendues et susceptible, selon lui, de verrouiller l’appareil d’État.
Cette architecture institutionnelle, toujours selon son analyse, renforcerait l’impunité et prolongerait un mode de gouvernance marqué par la personnalisation du pouvoir.
Pour Ayida, la crise politique actuelle trouve son origine dans cette concentration du pouvoir et dans l’adoption d’une Constitution contestée après plus de deux décennies de gouvernance continue.
Il affirme que cette situation place le chef de l’État au centre de l’équation politique togolaise, estimant que celui qui incarne ce verrouillage institutionnel ne peut simultanément en être la solution.
Face à ce qu’il qualifie de « dérive institutionnelle », Dany Ayida appelle les citoyens à s’organiser, à s’engager et à poursuivre la résistance démocratique.
Selon lui, seule une mobilisation collective permettrait de restaurer l’unité nationale et de redonner au pays l’élan démocratique qu’il ambitionnait autrefois.





