AES : Pourquoi les juntes peinent à rompre avec le FCFA malgré leurs discours souverainistes

Quatre ans pour le Mali, trois ans pour le Burkina Faso, deux ans pour le Niger… Malgré leurs ruptures politiques spectaculaires et leurs discours enflammés contre l’influence française, les régimes militaires de l’AES n’ont toujours pas quitté le FCFA. Une contradiction flagrante qui interroge sur la cohérence de leur projet souverainiste.

L’histoire rappelle pourtant que la sortie du franc CFA n’est pas un chantier interminable. En 1962, Modibo Keita, premier président du Mali indépendant, n’avait eu besoin que de deux ans pour rompre avec la zone franc et créer le franc malien, avec l’appui stratégique de l’URSS. Une décision audacieuse, assumée, et alignée sur sa vision panafricaniste et socialiste.

Mais même cette rupture n’a pas résisté à l’épreuve du temps. En 1984, après vingt-deux années de difficultés économiques et d’isolement financier, le Mali est revenu dans le FCFA, contraint et affaibli. Un retour vécu comme une humiliation nationale, symbole d’un projet monétaire qui n’avait pas été suffisamment consolidé.

Aujourd’hui, les régimes militaires de l’AES dénoncent l’héritage colonial du FCFA, mais continuent d’y rester arrimés. Entre contraintes techniques, absence d’alternative crédible, fragilité économique et dépendance aux partenaires extérieurs, la rupture monétaire semble plus complexe que les slogans politiques.

La question demeure : veulent-ils réellement sortir du FCFA, ou utilisent-ils simplement le discours anti-franc pour nourrir leur légitimité intérieure sans assumer les conséquences économiques d’une véritable souveraineté monétaire ?

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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