L’affaire de l’exfiltration d’Amira Bouraoui de Tunis à Lyon est partie pour raviver les tensions bilatérales après une phase récente de réchauffement entre l’Algérie et la France.
La lune de miel entre Tebboune et Macron n’a pas résisté à la première bourrasque. Le regime s’est senti offensé par ce qu’on peut désormais appeler l’affaire Bouraoui. Une chose : le départ d’Amira Bouraoui vers Lyon s’est fait avec l’accord du président tunisien, selon Le Monde. Tebboune va-t-il s’en prendre à son ami Kais Saied ?
En attendant, l’Algérie a, via une note officielle, « protesté fermement contre l’exfiltration clandestine et illégale d’une ressortissante algérienne » vers la France, le président Abdelmadjid Tebboune « a ordonné le rappel en consultations de l’ambassadeur, Saïd Moussi, avec effet immédiat », a annoncé la présidence algérienne.
Amira Bouraoui a été arrêtée en Tunisie vendredi 3 février, Elle avait été interpellée par la police tunisienne alors qu’elle cherchait à prendre un avion pour la France, munie de son passeport français. Elle risquait d’être expulsée vers l’Algérie, la militante politique et journaliste Amira Bouraoui, a finalement pu embarquer lundi soir sur un vol à destination de la France. Mais comment les autorités algériennes ont appris la présence d’Amira Bouraoui à Tunis ? Qui les en a informées pour ensuite conduire à l’interpellation de la militante par la police tunisienne ?
Certes Amira Bouraoui faisait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire en Algérie. Comme des centaines d’Algériennes et d’Algériens qui d’ailleurs ne découvrent qu’ils sont interdits de quitter le territoire national qu’à leur arrivée à l’aéroport.
Accueillie à l’ambassade de France
Une juge avait remis Amira Bouraoui en liberté lundi mais elle avait été emmenée par des policiers tunisiens, avant d’être placée sous la protection du consulat français à Tunis.
Selon le quotidien français Le Monde, elle a été « accueillie quelques heures à l’ambassade de France » avant d’obtenir « du président tunisien Kais Saied l’autorisation de rejoindre la France ».
Dans sa note officielle aux autorités françaises, Alger a dit avoir exprimé « la ferme condamnation par l’Algérie de la violation de la souveraineté nationale par des personnels diplomatiques, consulaires et de sécurité relevant de l’Etat français ».
Ces personnels « ont participé à une opération clandestine et illégale d’exfiltration d’une ressortissante algérienne dont la présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne », accuse cette note.
L’Algérie a rejeté ce développement « inadmissible et inqualifiable » qui cause « un grand dommage » aux relations algéro-françaises, poursuit la même source.
Mercredi matin, le journal gouvernemental El Moudjahid avait dénoncé, dans un éditorial, un acte « très inamical » envers l’Algérie et la Tunisie.
«Politique française»
« Cette politique française, d’un pas en avant et dix en arrière, n’apaise pas les esprits et jette le froid sur les relations bilatérales à quelques semaines de la visite d’Etat que devrait effectuer le président Tebboune, en France », selon le quotidien francophone.
Une visite de M. Tebboune à Paris a été programmée pour le mois de mai, au cours d’un entretien téléphonique à la mi-janvier avec son homologue français Emmanuel Macron.
Après un grave coup de froid à l’automne 2021, Paris et Alger avaient scellé un réchauffement de leurs relations à l’occasion d’un déplacement du président français à Alger en août dernier.
Les deux chefs d’Etat avaient signé en grande pompe une déclaration commune pour relancer la coopération bilatérale.
En octobre, la Première ministre française Elisabeth Borne, accompagnée d’une quinzaine de ministres, s’était rendue à Alger pour concrétiser cette réconciliation à travers des accords dans l’industrie, la création de start-ups, le tourisme et la culture. Tebboune avait plusieurs fois loué Emmanuel Macron depuis l’été dernier.
Cependant toutes les déclarations et effusions n’ont pas tenu devant l’affaire Bouraoui. Cette intenable militante a fait valser les certitudes d’une reprise diplomatiques entre Tebboune et Macron. En plus du rappel de l’ambassadeur, le régime a actionnaires ses chiens de garde (médias, larbins et mouvhes électroniques) pour jeter les dernières pelletées haineuses contre la France et la brave Amira Bouraoui.
De Barakat au Hirak/Tanekra
Amira Bouraoui, médecin de formation âgée de 46 ans, s’est fait connaître en 2014 avec son engagement dans le mouvement +Barakat+ qui a mené une campagne contre le quatrième mandat du président défunt, Abdelaziz Bouteflika.
Elle a tenté plusieurs fois de quitter l’Algérie ces derniers mois pour rendre visite à son fils établi en France, mais en vain, selon le site du média algérien radio M où elle animait depuis septembre une émission politique.
Amira Bouraoui a remercié « tout ceux qui ont fait en sorte qu'(elle) ne (se) retrouve pas une autre fois derrière les barreaux », mercredi sur sa page Facebook, citant les ONG Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), les journalistes et les personnels consulaires de l’ambassade de France en Tunisie.
Elle a assuré que son départ pour la France n’est pas « un exil » et qu’elle sera « de retour très vite » en Algérie.
Cherchant à trouver un bouc-émissaire dans l’affaire Bouraoui, la gendarmerie a arrêté Mustapha Bendjamaa, rédacteur en chef du journal Le Provincial à Annaba.
Avant son arrestation, il a confié à des collègues avoir été contacté au préalable par la police lui demandant « des informations sur la sortie d’Amira Bouraoui du territoire » et leur avoir répondu n’avoir « rien à voir avec cette affaire ».
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