Les entreprises appartenant aux hommes d’affaires algériens, poursuivis et condamnés définitivement pour corruption, seront récupérés par l’Etat. Les procédures sont engagées, a indiqué, mercredi, le directeur général du secteur public commercial au ministère de l’Industrie, Bendif El Houssein. S’exprimant, ce matin sur le plateau de la chaîne de télévision privée, « Echourouk TV », El Houssein a évoqué la saisine des biens de quatre « oligarques » ayant réussi à fructifier leurs affaires sous le règne du président déchu, Abdelaziz Bouteflika.
La première entreprise concernée, a-t-il indiqué, est celle de production de l’huile de table implantée dans la wilaya (département) de Jijel, à 300 Km à l’est d’Alger. L’usine appartenait aux quatre frères Kouninef, propriétaires du groupe KouGC, condamnés, en mai dernier par la Cour d’Alger, à des peines allant de 12 à 20 ans de prison ferme et de fortes amendes ainsi que la saisine de leurs biens. Ces derniers sont poursuivis pour « trafic d’influence », « blanchiment d’argent », « financement occulte de la campagne électorale du président Bouteflika » et « perception d’indus avantages ».
« L’usine de production de l’huile de Jijel appartenant aux frères Kouninef a été récupérée par l’Etat. C’est un mégaprojet qui participe au développement des autres industries. Cette usine devra couvrir 50% des besoins nationaux en matière d’huile de table et 80% de l’aliment de bétails », a indiqué Bendif El Houssein.
Selon lui, l’entreprise du Transport universitaire d’un autre homme d’affaires, Tahkout Mehieddine, condamné à une lourde peine de 16 ans de réclusion « sera placée sous la tutelle du ministère du Transport pour devenir une société publique sous l’appellation de « l’universitaire pour le transport et service » », a-t-il précisé.
La procédure, a-t-il ajouté, touchera aussi les entreprises du groupe Mazouz composé de plusieurs filiales, dont le principal propriétaire, Ahmed Mazouz, purge une peine de 7 ans de prison ferme. L’entreprise des travaux publics, ETRHB, de l’homme d’affaires Ali Haddad, condamné dans plusieurs affaires, sera également récupérée par l’Etat qui tentera, selon l’orateur, de « préserver les postes d’emploi ».
Pour rappel, ces hommes d’affaires, réputés proches du cercle présidentiel et notamment du frère-cadet de l’ancien chef de l’Etat, Saïd Bouteflika (lui-même en prison), étaient qualifiés de « faiseurs de rois ». Ils avaient, selon les observateurs de la scène nationale, une « influence considérable » sur la décision politique et économique du pays. Leurs déboires ont commencé avec l’avènement du mouvement populaire, ‘’Hirak’’ du 22 février 2019. La justice les a rattrapés, au même titre que des anciens premiers ministres et ministres qui ont favorisé leur ascension.
Par ailleurs, faisant le point sur l’état du secteur public industriel en Algérie, Bendif El Houssein donne le chiffre de 180 entreprises industrielles publiques actives dans le pays. Selon lui, les autorités veulent aussi remettre en marche des entreprises à l’arrêt pour diverses raisons. Parallèlement à cette démarche, a-t-il ajouté, « l’Etat va ouvrir le capital de certaines entreprises publiques en vue de favoriser leur développement ».
AGORA 24