Bénin : coup d’État raté ou stratégie politique de Patrice Talon ?

La confusion qui a régné ce dimanche à Cotonou autour de la tentative de coup d’État soulève autant de questions qu’elle n’apporte de réponses. Officiellement, une douzaine de militaires ont été arrêtés après avoir annoncé à la télévision publique la destitution du président Patrice Talon. Rapidement, l’entourage du chef de l’État a affirmé qu’il était en sécurité et que l’armée régulière avait repris le contrôle Le Monde Radio Télévision Suisse France 24.

Mais derrière ce récit officiel, certains observateurs s’interrogent : cette crise est-elle une véritable insurrection militaire ou une manœuvre politique destinée à renforcer le pouvoir présidentiel à l’approche de l’élection de 2026 ?

Une mise en scène possible ?

Le timing interroge : à quelques mois du scrutin présidentiel, un coup d’État avorté peut servir à resserrer les rangs autour du président et à légitimer un discours sécuritaire. La rapidité avec laquelle la tentative a été « neutralisée » laisse planer le doute sur son ampleur réelle. Était-ce une véritable menace ou une opération mal organisée, voire instrumentalisée ?

Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, a souvent été accusé par ses opposants de museler la contestation et de manipuler les institutions. Dans ce contexte, un putsch raté peut être exploité pour justifier un durcissement du régime, renforcer le contrôle sur l’armée et marginaliser davantage l’opposition.

La réaction de la CEDEAO, condamnant fermement cette « action anticonstitutionnelle », s’inscrit dans sa ligne habituelle de défense des régimes en place. Mais cette posture soulève une critique : en soutenant systématiquement les gouvernements, l’organisation risque de négliger les causes profondes de l’instabilité politique, notamment la gouvernance contestée et le déficit démocratique.

Si le calme est revenu à Cotonou, l’épisode révèle une fragilité institutionnelle. La démocratie béninoise, souvent citée comme modèle en Afrique de l’Ouest, apparaît désormais sous pression. Le pouvoir de Talon sort renforcé de cette crise, mais au prix d’un climat de suspicion et de méfiance.

En somme, cette tentative de coup d’État ratée pourrait bien être interprétée comme un double signal : d’un côté, la persistance de tensions au sein de l’armée et de la société béninoise ; de l’autre, une opportunité politique pour Patrice Talon de consolider son autorité à l’approche d’une échéance électorale décisive.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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