Billet: faut-il vraiment immigrer pour réussir ?

On se surprend, parfois, à espérer avoir le courage et l’énergie d’aborder les heures qui vont venir. Ce matin-là, je m’étais demandée en quoi me lever me serait utile. J’avais passé la nuit à croiser les doigts et à attendre des nouvelles d’une jeune fille que j’avais regardée pousser comme ma propre enfant. J’avais patienté, la boule au ventre, qu’elle fasse signe et dise qu’elle était enfin arrivée à bon port.

À 23 ans déjà, elle était partie à la rencontre d’horizons étrangers. Elle n’avait pas eu de mal à décrocher le job pour lequel elle avait postulé dans cet ailleurs où l’on ne vous choisit pas en fonction de vos origines quand les diplômes et compétences que l’on devine en vous sont ceux que l’on recherche. Au-delà de la peine que l’on éprouve à se séparer d’un enfant qui nous est cher, l’objet de ce partage vise à s’interroger sur le fait que, bardés de diplômes ou pas, nos jeunes n’ont très tôt qu’une idée en tête : celle de se barrer, comme ils disent, un jour, de ce pays où ils affirment que l’on n’a aucune chance de réussir si l’on n’appartient pas à une catégorie sociale privilégiée.

C’est terrible comme, même en les couvant à l’excès et en leur affirmant le contraire, vous ne les retenez pas. Ils ont déjà leurs propres certitudes, trop tôt convaincus qu’ici, ils sont déjà en panne d’avenir. Tout juste quelques appréhensions passagères et les voilà qui s’élancent, résolus à domestiquer cet autre morceau de rêve qui leur manquait. Bercés par les images et autres exemples venus parfois du bout du monde, ils rêvent d’un absolu différent. Ce qui inquiète, c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux à vouloir se donner les moyens de s’accomplir dans un autre milieu.

Ils s’encouragent mutuellement à s’affranchir du pays, quitte à sacrifier le cocon familial. Parce que pour eux, la rupture sera devenue urgente, voire vitale. Et nous les écoutons nous asséner, impuissants, ces vérités qui sont les leurs. Et nous les regardons faire, résignés, en nous demandant lequel du système ou de nous a failli le premier et à quel moment ?

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Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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