Brésil : Des centaines de policiers passent à l’offensive dans un quartier de Rio de Janeiro


Au Brésil, les autorités de Rio de Janeiro ont lancé mercredi une grande opération de « reconquête » des quartiers tenus par des narcotrafiquants.

Environ 1.200 policiers lourdement armés ont été mobilisés par les autorités de Rio de Janeiro, au Brésil, dans une grande offensive contre les narcotrafiquants. Leurs cibles : des favelas, à commencer par celle de Jacarezinho. Ce quartier, au nord de Rio, près de l’aéroport international, n’a pas été choisi au hasard : en mai, un raid policier y avait fait 28 morts. L’ ONU avait réclamé une « enquête impartiale » sur des accusations d’exécutions sommaires.

Jacarezinho, où vivent environ 90.000 personnes selon les leadeurs communautaires, est considérée comme une des places fortes du « Comando Vermelho » (« Commando rouge »), l’un des principaux gangs du Brésil. Selon des journalistes de l’AFP sur place, les rues de Jacarezinho étaient quasiment désertes et la plupart des rideaux de commerces baissés, tandis que des groupes de policiers en treillis ou en uniforme noir patrouillaient avec des fusils d’assaut, sous une chaleur écrasante.

Une « zone de conflit »
« C’est une intervention dans une zone de conflit pour que nous puissions mettre en oeuvre un projet du gouvernement de l’Etat de Rio. La sécurité est la première étape », a expliqué à l’AFP le major Ivan Blaz, porte-parole de la police militaire. « Ce sont les prochaines étapes qui vont faire la différence : l’arrivée de services sociaux, de santé et d’éducation, la création d’emplois », a-t-il ajouté, soulignant que la situation dans la favela était « tranquille » depuis le début de l’opération, sans fusillade entre gangs et forces de l’ordre.

L’opération a été organisée dans le cadre du programme « Cidade Integrada » («Ville intégrée »), un « grand projet de transformation des favelas », selon le gouverneur de l’Etat de Rio, Claudio Castro, du Parti libéral, formation du président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Des opérations similaires devraient avoir lieu dans les prochains mois dans d’autres quartiers de cette ville de 6,7 millions d’habitants, dont près d’un quart vivent dans des favelas, quartiers pauvres où règne le crime organisé.

« Occupation militaire »
Mais ce programme, considéré comme certains comme un simple effet d’annonce en début d’année électorale, fait déjà l’objet de critiques de l’opposition. « Les dispensaires sont fermés, la vaccination et les tests anti-Covid sont suspendus à Jacarezinho, où a lieu cette occupation militaire à un moment critique de la pandémie », a tweeté Renata Souza, députée régionale de l’Etat de Rio pour le Parti socialisme et liberté (PSOL). « Cette logique d’occuper militairement un territoire pour l’intégrer est erronée ! Cela enfreint totalement les droits des habitants ! », a-t-elle ajouté.

De nombreux spécialistes en sécurité fustigent depuis des années la politique de lutte contre le trafic de drogue menée par les gouvernements successifs, estimant qu’elle est basée essentiellement sur l’affrontement violent des gangs et non sur des enquêtes approfondies et plus ciblées.

Reconnaissance faciale
Les habitants sont à la fois victimes des violences entre les gangs et la police et entre gangs eux-mêmes. Selon le site d’informations G1, les autorités envisagent d’installer des caméras de reconnaissance faciale à Jacarezinho dans le cadre du programme « Cidade Integrada ».

Ce programme doit remplacer les Unités de police pacificatrices (UPP), créées en 2008 durant le mandat de l’ex-gouverneur Sergio Cabral, incarcéré fin 2016 pour corruption.

Avec des agents de police de proximité présents en permanence dans les favelas, les UPP ont dans un premier temps réduit la violence, mais la situation s’est dégradée au fil du temps, notamment en raison de la grave crise financière qui a touché l’Etat de Rio après les Jeux olympiques de 2016. Selon le Réseau des observatoires de la sécurité, collectif regroupant des universités et des ONG, « Cidade Integrada renouvelle la formule qui a échoué avec les UPP », avec « une occupation militaire sans dialogue avec les habitants ».


Source : 20 Minutes avec AFP

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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