Les ressortissants européens surtout français vivants sur le territoire burkinabè sortent de leur silence suite au tension diplomatique qui persiste entre les deux pays.
Dans une lettre ouverte à l’exécutif français, les ressortissants européens surtout français interpellent les autorités françaises sur la tension diplomatique qui existe entre le Burkina Faso et la France. Les ressortissants des pays européens indiquent dans la lettre que les effets de discorde pèse sur eux. Ces ressortissants européens expriment leur profonde désapprobation par rapport aux positions et décisions du gouvernement français vis-à-vis du Burkina Faso au cours de ses dernières semaines, lesquelles ont d’importantes répercussions sur le vivre ensemble sur eux dans le pays.
Voici l’intégralité de la lettre
« Nous, collectif d’une centaine de citoyens français et européens résidant au Burkina Faso pour certains depuis plusieurs décennies, porteurs de diverses nationalités, issus de divers corps de métier, de tous horizons politiques, et subissant les effets de l’escalade des hostilités diplomatiques, exprimons notre profonde désapprobation par rapport aux positions et décisions du gouvernement français vis-à-vis du Burkina Faso au cours des dernières semaines, lesquelles ont d’importantes répercussions sur le vivre ensemble dans ce pays.
Des mesures unilatérales et contre-productives aux impacts dramatiques pour les personnes.
L’arrêt de la délivrance de visa aux ressortissants burkinabè, le classement de l’ensemble du pays en zone rouge, la suspension de l’aide publique au développement et de la coopération, y compris culturelle, ainsi que la réduction des effectifs consulaires ont des conséquences graves :
- En raison de l’arrêt de la délivrance des visas et de la réduction des effectifs consulaires, l’accès des personnes, qu’elles soient burkinabè, françaises, franco-burkinabè, ou d’autres nationalités impactées, à leurs droits et aux opportunités qui leur sont offertes est rendu complexe, voire impossible.
Des familles binationales sont séparées, des artistes ne sont plus en mesure d’exercer leur métier, les échanges culturels sont suspendus, des médecins burkinabè ne peuvent partir se former en France, des étudiants et chercheurs qui pensaient pouvoir y poursuivre leurs études ou leur recherche, notamment après l’obtention de bourses, sont bloqués…
Nous considérons que l’arrêt de la délivrance des visas aux ressortissants burkinabè et la classification en zone rouge de l’ensemble du pays sont des mesures profondément injustes et injustifiées, qui s’apparentent à de la rétorsion suite à la prise de position
burkinabè sur les développements au Niger : nous ne constatons pas, nous qui sommes sur place, une augmentation de l’insécurité dans les villes de Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Koudougou qui justifierait cette reclassification, encore moins l’arrêt total de la délivrance de visas aux ressortissants burkinabè.
- En raison de la suspension brutale des différents appuis publics au développement, de nombreuses coopérations bilatérales risquent d’être pénalisées et des salariés de ces projets licenciés.
- Le ralentissement des flux commerciaux et de personnes impacte négativement les opérateurs
économiques locaux et internationaux travaillant avec la France et menace de nombreux emplois locaux.
Ces décisions du gouvernement français, unilatérales et contre-productives, viennent alimenter
les tensions et la rancœur, fragiliser les relations de qualité qui existent entre citoyens de nos Citoyens français, européens et burkinabè, nous sommes liés !
Au-delà des relations entre nos différents États et nos gouvernants, il existe une multitude de liens
personnels et professionnels entre familles, associations, entreprises, artistes, étudiants, chercheurs, etc. qui sont garants du bien-être et du développement social et économique des citoyens de nos nations. Ces liens doivent être préservés, perdurer et se renforcer, indépendamment des tensions diplomatiques actuelles entre nos États. Sans ces relations d’amitié entre nos peuples, rien de nouveau ne pourra voir le jour. Si nous brisons ces liens, comment reconstruirons-nous le vivre-ensemble ?
Laissez-nous l’espace nécessaire pour maintenir cette solidarité humaine !
Pour sauvegarder le patrimoine humain interculturel que nous nourrissons, entretenons et construisons tous les jours ici, trois mesures doivent être prises sans délai :
- L’annulation du classement en zone rouge des villes de Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Koudougou ;
- La reprise de la coopération (scientifique, académique et culturelle) et des actions d’appui au bénéfice des populations burkinabè ;
- La reprise immédiate de la délivrance de visas aux ressortissants burkinabè, par exemple par l’instruction des dossiers par voie électronique. Nous vous remercions par avance pour l’attention et les réponses que vous apporterez à cette lettre, rédigée et validée collectivement, porteuse de nos convictions, de nos craintes et de nos Ouagadougou, le 19 septembre 2023
Porte-paroles
Ont signé la lettre, les portes paroles de chaque pays européens, Samuel Bernier, Erwan Bouvier, Yvon Corlay, Sophie Danis et Katiana