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On ne cache pas la vérité. Quelle que soit la puissance en présence, la vérité finit par éclater tôt ou tard.
Comme l’a si bien dit l’ancien président Ange Félix Patassé, «le mensonge va vite, vite, mais la vérité le rattrape, le terrasse et s’impose». Le dossier Laïco-Ledger Plaza est un véritable labyrinthe où il est difficile de trouver la porte de sortie. Les autorités libyennes ont utilisé la voie autorisée, celle du ministère des Affaires Etrangères, avec des échanges de correspondances pour remettre de l’ordre au sein de la Société Laïco et de l’hôtel Ledger Plaza. Cependant, de nombreuses zones d’ombres demeurent, côté centrafricain, qu’il faut clarifier.
Des représentants du gouvernement libyen à la tête de Laïco et Ledger ont été expulsés sans qu’on sache par qui et pourquoi. En qualité de qui une autorité centrafricaine quelconque peut-elle s’ingérer dans les affaires d’un Etat tiers ? Dans le cas d’espèce, la société Laïco et l’hôtel Ledger sont les biens de l’Etat libyen, fruit d’une coopération fructueuse avec la RCA. L’Etat libyen est certes en crise comme la RCA, mais il n’a pas disparu de la carte de l’Afrique. Tous les pays du monde ont connu des crises, faut-il pour cela brader leurs biens ? La société Laïco est une caisse d’investissements libyens dans le monde, et notamment en Afrique et en Centrafrique.
Si elle ferme ses portes, combien de nos autorités impliquées dans cet imbroglio juridico-diplomatique peuvent financer des projets, à l’exemple de l’hôtel Ledger Plaza ? L’hôtel est l’unique cinq étoiles en Centrafrique, faisant la fierté du pays. Comment des autorités, intellectuelles de surcroît, peuvent contribuer à sa faillite ? Le mal centrafricain, ce sont les Centrafricains eux-mêmes, et le président Touadéra a prêché dans le désert aussi bien lors du Conseil des ministres inaugural du gouvernement Dondra, que lors du premier conseil des ministres du gouvernement du premier ministre Moloua.
Gouvernement Dondra et Moloua, bonnet blanc, blanc bonnet, c’est le cas de le dire. Le dossier Laïco-Ldger Plaza prouve à suffisance que Touadéra a perdu son temps à laver la tête d’un singe. La mafia va crescendo et provoque des vagues montres au sein de l’appareil judiciaire. Le juge suspendu est un magistrat du siège, et cela nous pousse à plusieurs interrogations sur l’indépendance des magistrats du siège vis-à-vis des pouvoirs publics. Nous ne sommes pas des experts en droit, mais nous avons quelques résidus de connaissance à propos de l’importance et du rôle fondamental des magistrats du siège qui sont totalement indépendants. Leur suspension ou autres obéit à des procédures internes au corps judiciaire ou aux juridictions. Si la Libye a expulsé les malfaiteurs, les usurpateurs, les mafieux et les pirates, elle ne s’arrête pas là, car elle engage des poursuites judiciaires contre eux. Il doit en être de même du côté centrafricain, avec tous ceux qui ont plongé la main dans ce magma de boue puant. Pourquoi l’implication de certaines personnalités dans la gestion d’un bien qui appartient à autrui ? C’est du côté centrafricain que la justice doit faire toute la lumière pour pulvériser les mafieux, démanteler le réseau des pirates. La suspension d’un juge apparaît comme un mauvais présage. Le nouveau juge qui aura à charge de traiter le dossier Laïco-Ledger, ne sera jamais serein car l’épée de Damoclès est suspendue sur sa tête.
Une chose est sûre : on n’étouffe jamais la vérité, car elle finit toujours par exploser au grand jour.
Lepotentiel