Commission mémorielle de Macron : les pendules de l’Elysée bloquées en 1961

La montagne a accouché d’une souris. En effet, la publication cette semaine de la liste des historiens pour la partie française de la commission pour le travail mémoriel entre l’Algérie et la France donne l’impression d’un fricotage à peine déguisé qu’estampillent ses membres, exaltant la forte odeur de soufre, que donne cette alchimie particulière entre un chauvinisme français et un certain sépharadisme rancuneux, madré de pieds-noirs.

Pour dominer une nation jusqu’à la sève, il faut empoisonner son narratif historique. Une nation sans repères chronologiques solides avec lesquels elle décortique le présent, tout en construisant le futur, est juste un ensemble d’humains malléables pour ceux qui détiennent un minimum de savoir-faire.

L’âme d’un peuple est fortifiée par la mémoire des anciens, des parents, des ancêtres de chaque famille et par l’honneur rendu à ceux qui sont morts dans la foi ou pour la défense du peuple.

Un pays qui effacerait le nom de ses ancêtres, qui oublierait la lignée de tous ceux qui ont précédé les contemporains ; un pays qui oublierait le nom des saints martyrs qui ont forgé son âme depuis les siècles, se condamnerait lui-même à être privé d’histoire. Il n’aurait plus de passé. Il n’aurait plus d’avenir non plus, puisqu’il se montrerait incapable de fournir des ancêtres à ceux qui viennent à construire la future mémoire du peuple.

Habilement entretenue au gré des événements politiques des deux côtes de la Méditerranée, l’élusive repentance de la France envers la nation algérienne reste un point de discorde sans égal dans l’histoire moderne que le colonialisme français peine à y faire face.

Il est à remarquer que la guerre d’Algérie ne fut reconnue par la République française en tant que telle que le 18 octobre 1999, c’est-à-dire presque 37 ans après l’indépendance, mettant ainsi fin à l’appellation officielle d’opérations de maintien de l’ordre.

Mais la rancune des nostalgiques de l’Algérie française est toujours vivace. Pour preuve, la loi num. 2005-158 du 23 février 2005 est votée par l’Assemblée française pour vanter le rôle positif de la colonisation de l’Algérie, un dispositif scélérat de la République des Chirac et des Sarkozy, élaboré par leurs mentors sionistes et pieds noirs.

A l’évidence, la repentance de la France est l’otage des ultras et des nostalgiques des bienfaits du colonialisme. Et cette situation est savamment entretenue par une pléthore d’historiens autoproclamés qui en ont fait un juteux fonds de commerce.

Leur dernière trouvaille est la commission sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Les propositions inclues dans son initial rapport sont là pour subtilement persuader les Algériens que la Guerre d’Algérie est à la limite l’histoire d’une chamaillerie entre deux pays voisins qui se réconcilieront par enchantement grâce à quelques replâtrages expertement fignolés. Le comble, c’est que ces mêmes Algériens sont sollicités pour apporter leur concours essentiel à cette démarche !

La rente mémorielle de la France coloniale et de ses lobbies est toujours vivante chez les nostalgiques de l’Algérie française. Elle habite leurs âmes tourmentées à jamais par les horreurs et les violences commises.

Leur haine à travers le temps envers l’Algérie n’a pas diminué d’un iota. Elle continue même à supplicier nos morts ! Pour preuve, les centaines de corps de martyrs encore détenus par l’ancien colonisateur. Un exemple parmi tant d’autres : le colonel M’hamed Bougara, chef de la Wilaya historique IV, tombé au champ d’honneur le 5 mai 1959 et dont les restes sont à ce jour séquestrés par la France officielle. A noter qu’une tentative a été faite par la Fondation de la Wilaya IV, présidée par le colonel Si Hassan, auprès du gouvernement français pour réclamer sa dépouille, du temps de la mandature de Chirac. Demande qui ne reçut aucun écho.

Cette initiative de projet de travail mémoriel n’a d’égale dans la perfidie que le diabolique plan pour la paix des braves du général De Gaulle en 1958.

Cette supposée commission sur la question mémorielle n’est que le cheval de Troie d’un révisionnisme insidieux à l’encontre de la nation algérienne. Les Algériennes et Algériens en sont pleinement conscients, et ils mesurent, à juste titre, ses machiavéliques et inavoués objectifs.

Le peuple algérien doit être ferme et rester droit dans ses bottes devant cette cabale dont l’objectif est une razzia sur l’imaginaire de la nation algérienne mais, surtout, sur l’histoire de sa Guerre de libération.

Il faut rappeler, sans relâche, que la Révolution algérienne est un élément structurant et structurel de l’Etat national algérien, garant de la pérennité de la nation algérienne. De ce fait, l’histoire référence et véridique de cette Révolution ne peut être écrite que par les Algériens et les Algériennes eux-mêmes car ce sont eux les véritables maîtres du destin de leur pays.

Faute de quoi, l’ennemi de toujours ouvrira irrémédiablement une brèche qu’il utilisera à bon escient pour imploser, irrémédiablement, la conscience de la nation algérienne.

On ne peut que conclure que ce travail mémoriel n’est, en effet, qu’un pronunciamiento dans la pensée et l’acte, qui confirme, sans le moindre doute, que les pendules de l’Elysée sont encore bloquées en l’an 1961.

La seule solution pour ce simulacre d’exercice mémoriel sur le colonialisme français ne peut, et ne doit, être qu’un procès à la Nuremberg. Toute autre initiative n’est qu’une parodie de bas étage que le peuple algérien honnira à jamais.

Algérie Black Liste

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *