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Son nom était sur toutes les lèvres dans les années 80/90, en Côte d’Ivoire. Cet homme était réputé pour être un prophète qui pourchassait les sorciers ou encore «les mangeurs d’âmes».
De son vrai nom Driga Koudou Jeannot, l’homme se faisait appeler «GBAHIE», du nom de son défunt frère aîné qui, selon ses propos, agissait à travers lui. Pour comprendre la montée en puissance de Gbahie, il faut remonter dans les années 80.
Au début de cette décennie, l’on assistera à une impressionnante émergence de cultes nouveaux en pays Dida, surtout dans le Département de Lakota. Il va surgir et se démultiplier des prophètes locaux tels que Marie Lalou, , Marc Azobé de Damabou, le prophète Daniel d’Akabréboua, Zrédji du village de Gbagrélilié, Dago Danger d’Oparéko et Koudou Jeannot dit «Gbahi» ou « Gbahié » du village de Zikoboué.
Il est important de préciser que selon les historiens, le peuple Dida en Côte d’Ivoire avait son propre système religieux que le monde occidental et les religions dites monothéistes, ainsi que les prophétismes de la période coloniale (Harrisme, Deïma, Adaé) n’avaient pas réussi à déraciner, contrairement à plusieurs peuples de la zone forestière.
Mais avec l’avènement de «Gbahi», et l’arrivée sur la scène public de ce «premier prophète», le mouvement prophétique en pays Dida va s’intensifier davantage. Entre 1984 et 1986, tandis que le «miracle ivoirien» se transformait en mirage, le combat du prophète Gbahié Koudou Jeannot, contre ce qu’il appelait «le fétichisme et la sorcellerie» rencontra une large adhésion et eut un grand retentissement national.
Les «prophéties» et les séances de guérisons de Koudou Jeannot firent de son village Zikoboué, un lieu de pèlerinages.
Cette popularité soudaine et grandissante va tout de même lui valoir un séjour en prison. Il fut accusé d’atteinte à l’ordre public. Gbahi fut ainsi arrêté et emprisonné en 1986 par les autorités politiques d’alors.
Félix Houphouët-Boigny considérait que les activités prophétiques de Gbahi perturbaient la paix sociale. L’objectif étant au fond de mettre un frein a tout ce courant. Seulement cette action du pouvoir en place succitera l’effet contraire, car au lieu d’y mettre fin et d’affaiblir la montée des prophètes à Lakota, elle amplifiera le mouvement avec l’arrestation de Koudou Jeannot.
Alors qu’il croupit en prison pour ses opinions religieuses, un de ses disciples, «Zrédji», se révèle au monde. Après sa mise en liberté, le prophète Koudou Jeannot reprend ses activités et on assistera à l’émergence de nouveaux prophètes dont les fondateurs se réclameront soit de «Gbahi» soit de «Zrédji». Le mouvement prophétique s’étendra alors à tout le pays dida, avant d’atteindre les peuples voisins, Bété et Gouro : avec Galla Bi Ballo de Proziblanfla à Sinfra.
Koudou Jeannot dit «Gbahi» ou «Gbahié» sombrera au fil des années dans la discrétion. Admis à l’hôpital général de Lakota, il décèdera le 18 Août 2022 loin des regards.