Alors qu’un tiers du Pakistan se retrouve sous l’eau, de nombreux scientifiques affirment que ces inondations ont été dévastatrices pour plusieurs raisons, qui auraient démarré dès le mois d’avril.
Ce sont les pires inondations que le Pakistan ait jamais connu. Déjà des dizaines de millions de personnes évacuées, sans aucune ressource, plus de 1.200 morts, alors qu’un tiers du pays est sous l’eau. Un bilan qui devrait s’alourdir dans les prochains jours, car pour l’instant tout le pays est débordé et, l’étendue des dégâts reste difficile à évaluer. Mais qu’est-ce qui a causé de telles inondations ? Selon des chercheurs, c’est un mélange d’événements climatiques qui ont entrainé une réaction en chaine, avec bien sûr en premier lieu le réchauffement climatique.
Une sécheresse hors du commun dès les mois d’avril et mai
Dès le mois d’avril en effet, la température au Pakistan a dépassé de beaucoup les normales de saison se situant autour des 30-35 °C, et a dépassé durant plusieurs jours les 40 °C dans de nombreux endroits. Pire encore, dans la ville de Jacobabad, le mercure a grimpé jusqu’à 51 °C, du jamais vu dans l’hémisphère Nord jusqu’à cette année ! « Ce n’étaient pas des vagues de chaleur normales, c’étaient les pires au monde. Nous avions l’endroit le plus chaud sur Terre au Pakistan », explique Malik Amin Aslam dans un communiqué de Nature, ancien ministre du changement climatique, basé à Islamabad.
Et ces vagues de chaleur extrêmes ne présagent rien de bon. L’air plus chaud, moins dense que l’air froid, peut en conséquence retenir plus d’humidité. De l’eau stockée qui peut d’autant plus se relâcher dans l’atmosphère une fois la saison des pluies commencée. Ainsi, des niveaux de pluie supérieurs à la normale étaient déjà prévus. De plus, la sécheresse de l’air entraine, bien sûr, une sécheresse des sols. Ces derniers deviennent alors plus compacts, absorbent beaucoup moins d’eau que lors d’une météo normale. Ainsi, l’eau qui arrive sur ces sols aura tendance à ruisseler au lieu de s’infiltrer profondément dans la terre.
Mais encore d’autres conséquences de la sécheresse se sont fait sentir. Les glaciers de haute montagne dans le nord du pays ont fondu, bien plus que d’ordinaire en raison des vagues de chaleur. De l’eau s’écoulait donc déjà des montagnes jusque dans l’Indus, le plus grand fleuve du pays qui le traverse du nord au sud, lorsque les crues sont arrivées. Or, ce fleuve alimente les villes, et les installations agricoles à travers tout le Pakistan. Et selon Zia Hashmi, ingénieur des ressources en eau au Global Change Impact Studies Centre, des débits élevés d’eau boueuse dans la rivière Hunza, qui alimente l’Indus, ont été constatés en juillet. Une observation qui suggère une fonte rapide et plus intense que d’habitude, et la possibilité que certains lacs glaciaires aient rompu leurs barrages.
Mais ce n’est pas tout ! Ces crues correspondent aussi avec l’arrivée d’une zone de dépression intense dans la mer d’Arabie au sud du pays, provoquant de fortes pluies au Pakistan dès juin. « Nous avons rarement des systèmes de dépression à grande échelle qui arrivent là-bas », explique Athar Hussain, climatologue à l’Université d’Islamabad. Tous ces événements combinés à une mousson précoce qui a démarré fin juin ont contribué à produire deux fois plus de précipitations que la moyenne durant la saison des pluies. Cinq fois, dans les provinces du sud. À tel point qu’un nouveau lac a été créé, bien que les pluies soient maintenant terminées.
Ce lac se retirera une fois que le temps s’assèchera, mais pourrait bien rester de quelques jours à quelques semaines. Tout comme l’eau qui s’écoule dans tout le pays et qui a déjà détruit 240 ponts, 5.000 kilomètres de routes et des millions de maisons. Pour ce pays, le pire n’est pas passé. Particulièrement représentatifs des effets du réchauffement climatique, de tels événements pourraient devenir la norme au Pakistan d’ici quelques années.
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