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Saviez-vous que la relation entre la France et ses anciennes colonies africaines, appelée la Françafrique, est bien plus qu’un simple prolongement colonial ? C’est un système complexe, plein de secrets, d’alliances parfois troubles, et d’enjeux stratégiques majeurs.
Les grandes étapes de la Françafrique
1945-1960 : Genèse néocoloniale
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France cherche à préserver son empire africain malgré la montée des aspirations indépendantistes. La première apparition du terme « Françafrique » remonte à 1945 dans la presse française, qui voit en cette alliance une chance pour la France de rester grande. Le général Charles de Gaulle et surtout son conseiller Jacques Foccart orchestrent un réseau très fermé, mêlant pouvoir politique et intérêts économiques, pour garder le contrôle.
1960-1969 : Indépendances façonnées et contrôlées. Officiellement, les pays africains deviennent indépendants, mais la France consolide ses liens à travers des accords de coopération multiformes. La zone franc assure une dépendance monétaire, tandis que les relations politiques reposent sur un système d’alliances avec des dirigeants autoritaires. Les interventions militaires sont fréquentes (ex: coup d’État au Gabon en 1964), et l’influence politique française reste très forte.
1969-1981 : Apogée et « folie des grandeurs » Sous Pompidou et Giscard d’Estaing, la France s’appuie sur des dictateurs comme Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire) ou Omar Bongo (Gabon), consolidant des réseaux opaques. La Françafrique devient un mélange d’affaires, d’opérations secrètes, d’alliances informelles, et parfois de corruption généralisée. La France intervient régulièrement pour protéger ses intérêts stratégiques et économiques, notamment dans le pétrole et l’uranium.
1981-1990 : Continuation sous tension
L’arrivée de Mitterrand à la présidence ne change pas fondamentalement la politique africaine française. Jacques Foccart reste l’homme-clé de ce réseau informel jusqu’à la fin des années 1980. Mais à la fin de la décennie, des tensions croissantes et les aspirations démocratiques africaines annoncent le déclin progressif de ce système. La conférence nationale du Bénin en 1990 symbolise ce tournant.
Conséquences lourdes : La Françafrique, c’est aussi une histoire marquée par des coups d’État, des assassinats politiques (Sylvanus Olympio, Thomas Sankara), des guerres civiles alimentaires par ces influences (Rwanda, Nigéria, Liberia) et des violations de souveraineté (interventions militaires non sollicitées).
Un regard sur le présent : Si la Françafrique a été maintes fois annoncée morte, son empreinte reste profondément ancrée dans les relations franco-africaines actuelles. La France tente aujourd’hui un rééquilibrage pour construire un partenariat plus transparent, mais cette histoire demeure un lourd héritage à gérer.
Découvrez cette histoire méconnue où s’entremêlent pouvoir, économie et diplomatie dans un mêlée de coopération et de domination.