France/assassinat de Mustapha Ourrad au siège de Charlie hbdo, sa fille témoigne

On se souvient que la cour d’assises de Paris avait entendu vendredi 11 septembre 2020 Louisa Ourrad, la fille de Mustapha Ourrad



On se souvient que la cour d’assises de Paris avait entendu vendredi 11 septembre 2020 Louisa Ourrad, la fille de Mustapha Ourrad, enfant d’Aït Larbaa et correcteur de Charlie Hebdo, assassiné le 7 janvier 2015. Un « père aimant et très drôle », qui aimait Baudelaire, Rimbaud, Brel, Brassens, Ferré et des chanteurs kabyles. Le témoignage de Louisa fut très émouvant comme nous l’a rapporté Pierre Bienvaul bien présent à l’audience.

Jusqu’au dernier moment, dit-elle, elle a cru ne pas être capable de se présenter devant la cour d’assises spéciale de Paris. Puis, Louisa Ourrad est quand même venue. « Pour mon père », murmure cette jeune femme à la barre. Son père, Mustapha Ourrad, tué le 7 janvier 2015 à Paris. Une des dix victimes exécutées ce jour-là par les frères Kouachi dans la rédaction de Charlie Hebdo. Mustapha Ourrad, ce Kabyle « tombé amoureux » de la France et de sa littérature. Ce « père aimant et très drôle » dont Louisa Ourrad a eu le courage de venir parler dans cette solennelle enceinte judiciaire, vendredi 11 septembre.

Le garçon d’Ath Yenni était le correcteur de Charlie, celui qui relisait les textes des journalistes et corrigeait leurs éventuelles fautes de français. « C’était sa troisième langue le français, après le kabyle et l’arabe », explique Louisa, en ajoutant qu’en principe, son père n’aurait pas dû être au journal ce mercredi 7 janvier. « Il ne venait jamais le mercredi mais ce jour-là, il était venu pour un hors-série à corriger », confie sa fille, d’une voix tremblante.

Avant les attentats, le grand public n’avait jamais entendu parler de Mustapha Ourrad. Et même après, assez peu de détails ont filtré sur sa vie et sur son histoire. Comme si cette inamovible discrétion, qui était la sienne au sein de Charlie, l’avait accompagnée jusque dans la mort. « Il y a peu de chose sur lui dans le dossier », reconnait d’ailleurs à l’audience le président Régis de Jorna. Alors, Louisa Ourrad parle de son père. De sa naissance en Algérie, dans un village kabyle. Puis de son arrivée en France. « Il avait 20 ans et la première chose qu’il a faite, c’est d’aller au cimetière Montparnasse sur la tombe de Baudelaire. Et il a déposé 2 Gitanes, c’était la marque de cigarettes qu’il fumait à l’époque. Parce qu’il se disait que si Baudelaire avait été encore vivant, c’est cette marque qu’il aurait fumé ».

Avec pudeur, Louisa Ourrad parle ensuite de ce jour de janvier 2015 où sa vie a basculé. « J’avais 21 ans et mon frère 17 ans », dit-elle en ajoutant que leur mère s’est tout de suite portée partie civile. « Quelques mois avant, on lui avait diagnostiqué une tumeur au cerveau. Et elle s’est battue tant qu’elle a pu. Elle a réussi à tenir quatre ans », explique Louisa en ajoutant que sa mère est morte en 2018. À ce moment, c’est elle qui a repris le combat de la justice et s’est constituée partie civile, à son tour.

Pour son père. Cet « amoureux » des mots qui, en 1995, avait fait une formation pour devenir correcteur de presse. Ce passionné de littérature. « Il était capable de réciter des poèmes de Baudelaire, de Rimbaud et de bien d’autres. Il aimait aussi beaucoup la chanson française, Brel, Brassens, Léo Ferré et des chanteurs kabyles», se souvient Louisa Ourrad, en racontant que ces chansons-là, son père en faisait profiter toute la famille. « On les écoutait dans la voiture quand on partait en vacances ». En Ardèche, comme chaque année. « Mes parents aimaient beaucoup l’Ardèche, les paysages, les couleurs, la lumière », confie Louisa.

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Komla
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Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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