PROCES Au total, vingt personnes sont renvoyées devant la cour d’assises spéciale de Paris pour leur implication dans les attaques terroristes à Saint-Denis, au Bataclan et sur les terrasses parisiennes
• Le procès des attaques terroristes du 13 novembre 2015 s’ouvre pour neuf mois, mercredi 8 septembre 2021, devant la cour d’assises spéciale de Paris.
• Vingt personnes sont accusées dans ce dossier mais quatorze seulement seront jugées en leur présence.
• Salah Abdeslam, détenu en France depuis près de cinq ans et placé à l’isolement, sera jugé pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « meurtres en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste ».
• D’autres membres suspectés d’appartenir à la cellule belge seront présents dans le box des accusés.
Ils sont, pour la plupart, inconnus du grand public. Pendant sept mois, quatorze hommes âgés de 27 à 40 ans vont comparaître devant la cour d’assises spéciale de Paris aux côtés du détenu le plus surveillé de France, Salah Abdeslam. Au total, vingt personnes doivent être jugées dans ce dossier tentaculaire, mais six d’entre elles le seront par défaut.
De nationalité française, belge, algérienne, suédoise ou pakistanaise, les quatorze accusés présents à l’audience sont poursuivis pour leur implication – à des degrés divers – dans la préparation et la commission des attentats du 13 novembre 2015 à Saint-Denis, sur les terrasses parisiennes et au Bataclan. Qui sont-ils et quelles charges pèsent contre eux ? 20 Minutes fait le point.
Salah Abdeslam
Né le 15 septembre 1989 à Bruxelles, le Franco-Marocain Salah Abdeslam, 31 ans, est le seul membre des commandos du 13-Novembre encore en vie. Ami d’enfance du coordinateur belge Abdelhamid Abaaoud, décédé dans l’assaut de Saint-Denis quelques jours après le Bataclan, Salah Abdeslam a d’abord participé, à l’automne 2015, au rapatriement vers la Belgique de plusieurs terroristes de Daesh arrivés de Syrie pour frapper l’Europe. Son frère aîné, Brahim Abdeslam, était membre de l’équipe des terrasses. Il est mort le soir des attentats en se faisant exploser au Comptoir Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris. Salah Abdeslam, lui, a abandonné sa ceinture d’explosifs la nuit des attaques pour des raisons qui restent inconnues avant de regagner la Belgique dans la nuit.
Sa dernière apparition publique remonte au mois de février 2018. Jugé à Bruxelles pour sa participation à une fusillade contre des forces de l’ordre, quelques jours avant son interpellation en mars 2016, Salah Abdeslam avait fait valoir son droit au silence. Cheveux mi-longs et barbe fournie, il avait déclaré : « Mon silence ne fait pas de moi un coupable ou un criminel. Jugez-moi ! Faites ce que vous voulez. C’est en mon seigneur que je place ma confiance. »
Face aux juges d’instruction, Salah Abdeslam s’est systématiquement enfermé dans le mutisme. Déjà condamné à vingt ans de prison pour l’affaire de la fusillade de Forest, il sera jugé une nouvelle fois en Belgique – probablement fin 2022 – pour le double attentat qui a fait 32 morts en mars 2016 à l’aéroport et dans un métro de Bruxelles.
Mohamed Abrini
Né le 27 décembre 1984, ce Belgo-marocain de 36 ans est jugé pour avoir accompagné en région parisienne les commandos du 13-Novembre et participé au financement et à la fourniture des armes utilisées par les terroristes. Ami d’enfance des frères Abdeslam, il a été arrêté à Bruxelles en avril 2016. Il est détenu en Belgique depuis cette date mais sera transféré en France pour le procès. Comme son ami Salah Abdeslam, il doit lui être jugé en Belgique pour le double attentat-suicide de mars 2016 à Bruxelles. Des images de vidéosurveillance de l’aéroport de Zaventem avec deux des kamikazes qui s’y sont fait exploser lui ont valu le surnom de « l’homme au chapeau ».
Mohammed Amri
Né le 7 août 1988, Mohammed Amri, 32 ans, un Belgo-marocain proche des frères Abdeslam, a reconnu être allé chercher Salah Abdeslam en voiture le soir des attentats pour le ramener en Belgique, en sachant qu’il était impliqué dans les attentats. Client régulier de casinos et condamné en Belgique à deux reprises pour des vols, Mohammed Amri est également suspecté d’avoir aidé à la location de véhicules utilisés pour transporter les membres des commandos venus de Syrie à l’automne 2015.
Dans leur ordonnance de mise en accusation, les juges d’instruction indiquent : « Mohammed Amri, tout en se déclarant en total désaccord avec ces crimes, reconnaissait avoir ramené Salah Abdeslam en Belgique. Il le justifiait en disant qu’il s’était senti piégé. Il ajoutait, de manière très peu crédible, qu’il ne s’était pas alors rendu compte de l’ampleur et de la gravité des attentats. » Interpellé en Belgique le 14 novembre, il est extradé en France en juillet 2016 où il est incarcéré depuis cette date.
Hamza Attou
Comme Mohammed Amri, Hamza Attou a été interpellé en Belgique au lendemain des attaques parisiennes. Né le 4 mai 1994, ce Belgo-Marocain de 27 ans a lui aussi reconnu être allé chercher Salah Abdeslam à Paris la nuit des attentats. Proche de Brahim Abdeslam, Hamza Attou est le cadet des quatorze accusés. Remis à la France en juin 2016, il a été incarcéré avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire en mai 2018.
Yassine Atar
Belgo-Marocain de 34 ans, Yassine Atar est le petit frère d’Oussama Atar, l’un des cadres de Daesh à la tête de la cellule des opérations extérieures (Copex) de l’organisation terroriste. Né le 11 juillet 1986, Yassine Atar est soupçonné d’avoir détenu une clé de la planque bruxelloise où s’est réfugié Salah Abdeslam après les attentats. C’est également dans cette planque qu’ont été fabriquées les ceintures explosives utilisées à Paris. Interpellé à Bruxelles en mars 2016, il a été extradé en juin 2018 en France, où il est incarcéré.
Sofien Ayari
Tunisien né le 9 août 1993, Sofien Ayari, 28 ans, a été le compagnon de cavale de Salah Abdeslam en Belgique. Ayant rejoint Daesh en Syrie fin 2014, il était revenu en Europe en 2015 accompagné d’Osama Krayem, lui aussi accusé à ce procès. Interpellé à Bruxelles en même temps que Salah Abdeslam en mars 2016, il a déjà été condamné à une peine de vingt ans de réclusion en Belgique pour avoir tiré sur un policier. Son ADN a été retrouvé dans plusieurs planques ayant servi à la préparation des attentats du 13-Novembre. Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir voulu commettre ou préparer, avec Osama Krayen, un attentat à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol parallèlement aux attaques parisiennes.
Osama Krayem
De nationalité suédoise, Osama Krayem, 28 ans, né le 16 août 1992, a rejoint la Syrie en 2014 puis regagné l’Europe par la route des migrants. Comme Sofien Ayari, il a été compagnon de cavale de Salah Abdeslam à Bruxelles après les attentas du 13-Novembre. Selon les enquêteurs, Osama Krayem aurait participé à la fabrication des explosifs. Détenu en Belgique depuis avril 2016, il a été identifié comme l’un des bourreaux du pilote jordanien assassiné par Daesh début 2015 en Syrie. Il est impliqué dans les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Il sera transféré en France à l’occasion du procès.
Mohamed Bakkali
Considéré comme un des logisticiens du commando, Mohamed Bakkali est accusé d’avoir loué des voitures en vue des attentats. Détenu en France depuis 2018, ce Belgo-Marocain né le 10 avril 1987 est également poursuivi pour la location, sous une fausse identité, de planques pour la cellule djihadiste de Bruxelles. En décembre 2020, il a été condamné à 25 ans de prison au procès de l’attentat du Thalys. Il était poursuivi pour avoir conduit Abdelhamid Abaaoud et l’auteur de l’attaque, Ayoub El-Khazzani jusqu’à Bruxelles au début du mois d’août 2015. Il a depuis fait appel de cette décision.
Abdellah Chouaa
Il est le dernier homme mis en examen dans l’enquête et le doyen des accusés. Ce Belgo-Marocain de 40 ans, né le 30 mars 1981, est soupçonné d’avoir apporté un soutien logistique à la cellule ayant préparé les attentats. Fils d’un imam du quartier bruxellois de Molenbeek, il a été laissé libre sous contrôle judiciaire.
Ali El Haddad Asufi
Détenu depuis juin 2019, ce Belgo-Marocain, 36 ans, né le 23 septembre 1984 était en contact récurrent avec les membres de la cellule djihadiste franco-belge. Il aurait notamment participé à la fourniture d’armes.
Adel Haddadi et Muhammad Usman
Adel Haddadi, 33 ans, un Algérien né le 17 juillet 1987, et Muhammad Usman, 28 ans, un Pakistanais né le 15 mai 1993, ont été interpellés en décembre 2015, un mois après les attentats, dans un foyer de migrants en Autriche. Les deux hommes ont quitté la Syrie et rejoint l’Europe par la route des migrants avec deux kamikazes du Stade de France. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu commettre un attentat en France. Muhammad Usman est un ancien artificier de groupes djihadistes pakistanais réputés proches d’Al-Qaïda.
Farid Kharkhach
Autre Belgo-Marocain âgé de 38 ans, Farid Kharkhach est accusé d’avoir fourni des faux papiers à la cellule à la demande de Khalid El Bakraoui, l’un des auteurs des attentats de Bruxelles. Il a été interpellé en janvier 2017.
Ali Oulkadi
Proche de Brahim Abdeslam, ce Français de 36 ans, né le 9 juillet 1984, est soupçonné d’avoir aidé Salah Abdeslam à se cacher à son arrivée à Bruxelles le 14 novembre, mais a toujours nié avoir été au courant du projet terroriste de la cellule. Interpellé en Belgique le 22 novembre 2015, il a été remis à la France en avril 2016 et placé sous contrôle judiciaire.
H.S. avec AFP
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